Ephemeride

Ma vie, mes Jours, mes Nuits

Dimanche 25 octobre 2015 à 0:13

J'ai passé l'âge et l'envie d'écrire des poèmes à la con, et je dois dire aussi que j'en suis juste devenue incapable. C'est dommage, j'étais assez douée, avant.
Mais je n'ai juste plus aucune inspiration.
Je me rend compte aussi que j'ai passé l'âge d'écrire de longs monologues sur ma vie. Pas que j'aime plus écrire: comprenez, je prends mon pieds et ça m'aide à ordonner mes pensées. Mais c'est toujours la même chose. Le disque tourne en boucle, parce que le problème, c'est moins ma vie que ma tête. Le problème, c'est que mon cerveau fonctionne trop. Et pas trop genre putain de génie des maths ou artiste grandiose. Plutôt trop genre foutoir géant ou tout se bouscule et se chevauche, baise joyeusement et donne des rejetons avec des gueules de syndrome de Prader-Willi (obscène, obèse, avec de petites couilles et arriéré). Bref, gros bordel et je ne peux rien y faire.
Je pourrais retourner chez le psychiatre.  Je dirais des choses que j'ai déjà dites, il m'apprendrait sur moi des choses que je sais déjà. Je finirais peut-être avec un ou deux médicaments. Franchement, la pharma, moins on en prends, mieux on se porte. J'ai abimé mon foie avec ma dernière pilule, ça suffit les conneries.

L'extra-ordinaire a quitté ma vie, non? Je crois que je suis devenue adulte. Putain. C'est comme chier du verre: Ca troue le cul.
On s'emmerde, et tout est vain.
Parce que sans extra-ordinaire, pourquoi?

J'ai beau dire, je pense que dans le fond j'aimerais bien me reposer, pour une fois, et que d'autres me tiennent un peu la tête hors de l'eau.

Ha mais non. Tout va super bien dans ma vie. 
Enfin pour l'instant. J'ai même eut de nouvelles bottes aujourd'hui. C'est juste Novembre  qui arrive. Putain de Novembre. Je crains fort de ne pas avoir de mot assez vulgaire qui me vienne à l'esprit pour qualifier ce mois. Je crois que "Novembre", pourrait déjà être une insulte en soit.

Il fait froid, il fait moche, le monde devient chauve et la nature va se coucher, et nous laisse seuls à trimer comme des cons dans l'obscurité.

Novembre. Sa mère la pute de dépression.

Things I like when I'm depressed:
https://youtu.be/F5L1YdFcw0A 



 

Mercredi 15 juillet 2015 à 11:37

J'ai l'impression qu'il y a des choses qu'on ne peut pas réaliser vraiment jusqu'à ce qu'on soit confronté à elles. Il y a des douleurs socialement acceptées, et il en a d'autres que la société ne sait pas comment prendre. Quand, en sociologie, le professeur nous avait dit que la société n'arrivait pas à accepter les morts-nés, parce qu'ils n'ont pas eut le temps d'exister socialement, et qu'on les enterrait souvent en cachette, comme les SDF, j'ai réalisé que ça faisait partie effectivement des choses auxquelles je n'avais jamais pensé, parce qu'on ne nous en parle jamais.
Mais voilà que ça arrive à ma propre soeur, et je me prend comme une claque dans la figure la difficulté que représente le comportement à adopter vis-à-vis d'elle. Sans parler de la peine qu'on a eut à apprendre que la petite Rose, pour qui j'avais déjà choisi et acheté des vêtements, pour qui ma mère avait ressorti des affaires de bébé, pour qui ma soeur et son ami avaient évidemment acheté des vêtements, des petites chaussures, choisi la couleur de la chambre, acheté les meubles... cette petite fille qui dans nos esprits était déjà un peu là, n'arrivera sans doute jamais. En tout cas,pas celle-ci.
Je souhaite de tout coeur à ma soeur de réussir à avoir son enfant un jour. 
Mais en attendant, je la vois se débattre dans son chagrin, et on ne sait pas quelle attitude adopter. Parce que se montrer trop empathique pourrait la couler et l'empêcher d'avancer, mais être complètement imperméable lui donnerait une impression de solitude.
C'est d'autant plus dur que nous ne sommes pas une famille très unie, et que je ne suis pas proche de ma soeur du tout. Si d'un coup, je me montrais trop inquiète, j'aurais peur de la rendre encore plus triste.
Je ne suis pas sure que nous voir tous avec des têtes de deuil l'aiderait beaucoup.
Et il faut dire que l'atmosphère à la maison devient pesante, bien sûr, alors même si je fais attention à ne pas me montrer trop enthousiaste, je dois admettre que sortir est pour moi une bouffée d'air frais.
Savoir comment se comporter est difficile parce que je ne suis pas proche d'elle, parce que je veux faire au mieux pour elle, et parce que même si je suis triste pour elle, et même triste tout court, je ne peux pas mesurer le poids de sa tristesse à elle: son bébé, même au stade de quatre mois, elle le sentait dans son ventre, pour elle, il était bien réel, et de plus en plus au fur et à mesure que son ventre grossissait.
Alors que pour nous, il s'agissait d'un projet, pour elle, c'était un présent.

Et c'est plus facile de renoncer à un projet que de se résigner à abandonner ce qu'on a.
Parfois, il faut beaucoup de courage pour renoncer.

C'est d'autant plus dur pour elle que le foetus n'est pas mort: il y a un anasarque, il n'est donc pas viable à terme, mais il est encore vivant. C'est elle qui devra "le tuer", en avalant sa pilule d'IMG.
C'est horrible, pour une mère, de devoir se résigner à tuer son propre enfant. Parce qu'on a beau minimiser en se disant qu'il n'est pas né, pour elle, c'est déjà son enfant, et elle va le tuer.
D'autant plus dur quand on sait depuis combien de temps elle essayait de l'avoir, et tout ce qu'elle a du subir pour tomber enceinte.
La vérité, c'est que c'est une situation terrible, parce que contrairement à un enfant né, la mort de celui-ci n'est pas reconnue par la société - à ce stade, elle ne peut même pas récupérer le corps pour l'enterrer, il sera brûlé avec d'autres déchets biologiques, ce que je trouve assez choquant, parce qu'elle a été aimée comme une petite fille, elle a même eut un nom- et la mère n'a donc pas vraiment la possibilité de marquer son deuil. Ca n'est pas un deuil "reconnu".

J'avoue qu'à l'idée de ce petit humain miniature, jeté et brûlé avec les autres morceaux de chaire enlevés aux gens - amygdales, ganglions, tumeurs, dents... comme s'il n'était qu'un appendice, mon coeur semble se soulever et les larmes viennent.
Bref, j'avais besoin de coucher ici par écrit ce que je ressens à propos de tout ça, parce que tout ça n'est pas facile à appréhender.

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Bonne journée.
 




Dimanche 12 juillet 2015 à 18:33

Je déteste quand des marques utilisent de grands principes pour leur faire de la pub. Telle Always, qui se sert de bons sentiments féministes pour vendre leur déjà fort connues serviettes hygiéniques. Je trouve ça presque autant discréditant que les marques qui font l'inverse, et sortent de bons vieux clichés anti-fémnistes aux possible pour vendre - et là je vise plus Veet et son fameux "quand mon minou est tout doux", fait pour inciter les toutes jeunes filles à avoir honte de leurs poils pubiens en mettant en scène une petite chatte dans une chambre rose de pré-ado, ou encore cette pub qui dit clairement qu'une femme avec des poils est un homme.   
Je trouve qu'elles sont autant préjudiciables à la situation de la femme, l'une que l'autre. Vous allez me dire que j'abuse, que la pub Always rend service au contraire, et qu'après tout s'ils se font de l'argent dessus ce n'est pas grave, peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse...Mais moi je ne suis pas d'accord, parce que je trouve que ça banalise le féminisme et le transforme en argument commercial, ça le dédramatise, l'air de dire "non mais en vrai, le féminisme, la cause féminine, tout ça, ça sert à rien en occident si ce n'est vendre des serviettes hygiéniques aux bonnes femmes!".
Si une marque qui vend de la nourriture utilisait des gamins qui crèvent de faim pour vendre leur purée, tout le monde trouverait ça anormal (du genre, "mangez notre produit parce que d'autres dans le monde aimeraient pouvoir le faire", c'est un peu la même chose non?). J'utilise un exemple assez gros pour qu'on comprenne l'idée, bien sûr. C'est à dire que les causes que certains défendent, que les inégalités dans le monde, que des combats pour lesquels certains s'engagent voir se mettent en danger, ne sont pas des arguments de vente.

Je passe pas mal de temps sur Internet (notamment durant les révisions, bizarrement), et je suis choquée par le nombre de réflexions anti-féministes qu'on y trouve, y compris de la part des femmes. Alors je me suis dit que, à ma petite échelle, je pourrais peut-être contribuer à rétablir un peu l'équilibre en ré-expliquant ce qu'est vraiment le féminisme, pour lequel des femmes et des hommes s'engagent, et non pas cet espèce de fantasme que certains arriérés partagent, craignant de se retrouver eux-mêmes dans la situation des femmes autrefois (ce qui montre bien que ça n'a rien d'enviable) ou même actuellement à bien des endroits du globe.
Alors, on va faire ça simplement pour ne pas s'égarer en de longues phrases inutiles: le féminisme, ça pourrait s'appeler "égalitarisme", sauf que ça a déjà été pris par des régimes dictatoriaux peu scrupuleux, alors ce mot a mauvaise presse. Parce que, contrairement à ce que certain(e)s aimeraient vous faire croire, il ne s'agit pas pour les femmes de supplanter les hommes, ni de les diriger, mais tout simplement d'avoir les même droits qu'eux, et pas juste sur le papier, mais aussi en pratique. On pourrait aussi parler d'humanisme, je dirais.
Ca semble évident, et pourtant, même chez nous, ça ne l'est pas. Parce que même si en théorie, en France, les femmes ont les mêmes droits que les hommes, en pratique, c'est loin d'être le cas: quand on parle d'oppression des femmes, ça en fait rire certains voir certaines, mais c'est pourtant ce que beaucoup d'entre nous vivons quotidiennement, sans parfois même nous en rendre compte tellement c'est banalisé.
Par exemple, le fait de ne pas pouvoir mettre de mini-jupes sans se faire harceler voir agresser, le fait de ne pas pouvoir choisir de ne pas se raser sans se faire insulter, le fait de ne pas pouvoir choisir de ne pas se maquiller, avoir les cheveux courts et porter des pantalons sans se faire traiter de "lesbienne"(alors que la encore c'est du stéréotype) ou de mec ou de gros thon et j'en passe et des meilleures,  le fait de s'entendre dire tous les printemps que notre corps doit être "prêt pour l'été", dans les magazines, les pubs, à la télé..., le fait de voir des corps représentant "l'idéal" féminin, nus, placardés partout en permanence (bien plus que les hommes, les femmes font vendre, j'avais été choquée, plus jeune, de voir que même pour vendre un ordi, ils avaient mis une nana à demi nue à côté, cherchez le lien)... etc etc. Sans parler des hommes qui sont persuadés qu'on s'habille pour leur plaire, et que si une femme se fait violer, c'est qu'elle l'a bien cherché, la salope (et on entend ça bien plus souvent qu'on le croit, y compris de milieux dont on ne s'attendrait pas à l'entendre... dans ce qu'on surnomme l'inconscient collectif, il est courant de penser qu'une femme a sa part de responsabilités dans son viol. Et bien sûr, c'est faux. C'est comme penser qu'un enfant a chois de se faire violer: personne n'a jamais choisi de se faire violer, c'est la définition du viol, et ce n'est pas parce qu'une femme a porté des vêtements courts qu'elle est responsable de son viol, le seul responsable, c'est le violeur car RIEN ne justifie le viol, jamais.).

Ce qui me choque le plus, c'est qu'on apprend aux femmes comment s'habiller, se comporter, où aller, à sortir accompagnée...etc. pour ne pas se faire agresser, mais on n'apprend jamais aux hommes à se comporter correctement avec les femmes, à les considérer comme des être humains ayant autant de valeur qu'eux, à se contrôler tout simplement.

Après, je ne vais pas verser dans le "féminazisme", comme on utilise de plus en plus cette expression, qui vise, pour certaines prétendues féministes, à dire que tous les hommes sont mauvais. C'est faux, la preuve est qu'il y a des hommes qui sont féministes (et ils n'en sont pas moins virils, je vous jure que ça ne fait pas rétrécir les testicules de vouloir traiter tous les être humains comme des égaux). Dans la plupart des cas, en France, quand un homme se comporte mal vis-à-vis des femmes (et pas d'une femme, c'est différent), il le fait sans vraiment s'en rendre compte. Ce n'est pas qu'il est méchant, ce n'est pas forcément un macho, c'est juste qu'il a grandi dans une société où il y a beaucoup d'inégalités et qu'il n'a fait qu'en suivre les codes. Il ne s'est juste pas posé la question.
Ce qui me gène plus, c'est que le mot "féministe", soit devenu une insulte (je le vois dans la bouche de mon père ou de mon frère par exemple, alors que je ne suis pas issue d'une famille conservatrice ni moralisatrice...). Combien de fois je lis "je ne suis pas féministe, je hais les féministes mais les femmes..." suivi de propos féministes.
Soit parce que certaines prétendues féministes ont dépassé les bornes en se mêlant de ce qui ne les regarde pas (là je pense aux Femen et leur intervention avec le pape actuel par exemple... la religion est une affaire personnelle et si certains décident d'y adhérer, ça le regarde. D'autant que, pour être née de famille chrétienne catholique, je n'ai pas l'impression d'avoir été très soumise par cette religion - qui n'est plus la mienne. Même si c'est vrai qu'historiquement il y a eut de sévères abus sur la condition de la femme, c'était moins du au message du Christ qu'à ce que les hommes en avaient fait... après j'admets que sur bien des points je n'adhère pas au christianisme, comme l'idée de pêcher originel, le mariage avant toute relation sexuelle...etc., mais ce que je reproche à cette religion, c'est de ne pas s'être actualisée)
Soit parce que le féminisme est traditionnellement associé à la gauche, et que du coup tous les gens de droite se sentent obligés de le critiquer.
Alors que ce soit clair, pour moi, le féminisme, c'est comme l'écologie: c'est quelque chose qui ne devrait jamais avoir de couleur politique. Parce que ça n'a aucun rapport avec le socialisme, le communisme, l'anarchisme, le royalisme... tous ces courants politiques. C'est un principe humaniste.
De même que croire que toutes les espèces ont le droit de vivre (ok, j'admets que face aux moustiques, j'ai parfois de sérieux doutes), croire que tous les êtres humains doivent avoir les mêmes droits, ça n'est pas de la politique.
Je reprends un exemple évident, mais médecin sans frontière, par exemple, n'a pas de couleur politique. Venir en aide aux sans-abris, ça n'a pas de couleur politique. Alors défendre les droits de la femme, je ne vois pas pourquoi ça en aurait.
On n'a pas besoin d'être une femme de gauche pour avoir besoin d'avoir des droits. Il suffit d'être humain.

Le vrai problème, je crois sincèrement que c'est le nom qu'on a donné au féminisme. Certains hommes croient qu'ils devraient fonder le "malisme" pour se défendre des stéréotypes qui pèsent aussi sur eux. Alors que le féminisme se charge aussi de lutter contre ces stéréotypes. Par exemple, les hommes ont le droit de pleurer, porter du rose ne fait pas d'eux des mauviettes, être homme au foyer ne les dévirilise pas, ce n'est pas toujours aux hommes de tout assumer...etc..
Mais du fait de son nom, les gens pensent que le féminisme ne défend que les femmes, alors que le féminisme lutte contre toutes les discriminations de genre.
Bref, j'étais venue ici pousser un petit coup de gueule, c'est chose faite. Il y aurait encore bien des choses à dire sur le sujet, mais je pense que si ça vous intéresse, libre à vous de vous pencher sur la question.

Bonne soirée.


 




Mercredi 24 juin 2015 à 22:38

 La mélancolie nous lie 
Quand nos lèvres se délient 
Avant de rêver dans l'oubli, 
Ce sont tes lignes que je lis.

Vendredi 19 juin 2015 à 21:59

Bonsoir,

Doucement, mais sûrement, je commence à réaliser qu'il faut que je m'accepte. Physiquement parlant, je veux dire. Je ne dis pas encore "je commence à m'accepter", parce que j'en suis encore loin. Mais je commence à réaliser que le vrai problème, ce n'est pas mon léger surpoids, mais la perception que j'ai de moi même. Bien sûr, dans l'idéal, je devrais perdre quelques kilos pour être en meilleure santé, et surtout retrouver ma forme physique d'il y a trois ans. Mais je réalise que je pourrais bien peser encore 60 kilos, je me trouverai toujours trop grosse. Parce que je ne suis pas une fille mince, quoi que je fasse, et surtout, parce que j'ai été élevée, entre ma mère et les médias, dans l'idée que j'aurais toujours quelque chose en trop ou en moins que les autres.
Je serai, pour cette société, de toute manière, toujours trop grosse, toujours pas assez joyeuse, pas assez engageante.
Mais là, je parle des pubs, de la mode "commune", des émissions de télé, des magazines "féminins"... Heureusement, pas du monde "réel". Pas des gens que je côtoie tous les jours. Si effectivement, on ne peut pas nier que je suis "ronde", je n'en suis pas moins une personne pour eux. Une amie, une petite amie. Je n'ai pas moins de valeur parce que j'ai un IMC à 27 que lorsqu'il était sous 25. Il n'y a, à vrai dire, que dans mes yeux que j'en perds de la valeur. La seule vraie barrière entre eux et moi que mon poids installe, c'est celle de mon amour propre.
Après, objectivement, je me regarde dans le miroir, j'en parle avec mes amies proches, et je sais que malgré ces rondeurs, je suis une jolie fille. Je suis bien proportionnée (en fait, j'aurais fait un malheur il y a quelques siècles...), avec un peu de ventre, mais rien non plus de monstrueux. J'ai un joli visage, de beaux cheveux, de beaux yeux. Un peu d'acné, toujours, mais ça c'est le stress habituel de ma vie, et selon la gynéco, ma peau prendrait les oestrogènes pour des androgènes... du coup je vais enfin tester une autre pilule que celle que je prends depuis mes 15 ans, qui devrait encore diminuer l'acné, et du même coup, ne pas me donner faim en permanence comme ma pilule actuelle le fait (aussi raison pour laquelle j'ai beau faire, je n'arrive pas à perdre de poids quand je la prends... alors que quand je l'arrête je peux perdre assez vite cinq kilos).
Bref. Même si je perdais six kilos et redescendais à 66 kilos, je serai toujours "trop grosse", alors que c'est le poids que je vise actuellement. Et je commence à me dire que si je veux trouver, enfin, un poids stable, il faudrait que je commence à accepter que ces modèles maigres qu'on nous montre, ce n'est pas ma réalité. Je ne suis pas stupide, je sais pertinemment que je ne suis pas faite pour être comme elles, mais quelque part, une partie de moi espère toujours qu'en m'affamant j'y arriverai. C'est faux. J'y serais peut-être brièvement, mais je reprendrais encore plus de poids après. Et ça je l'ai constaté avec ce stupide régime Ducan que j'ai fait il y a trois ans. Je dois accepter que mon corps est rond. Pourtant, pour les femmes, je trouve ça plus jolis qu'un corps maigre: je ne dessine que des femmes un peu rondes, avec des hanches assez larges, et des seins assez généreux. 
Le problème, ce n'est pas ce que moi je trouve joli, c'est ce qu'on me demande d'être à longueur de temps depuis que je suis toute petite: une fille mince. Et comme j'ai toujours cherché l'approbation des autres, j'ai toujours couru après cet idéal résolument inaccessible en ce qui me concerne, détraquant toujours un peu plus ma santé et mon équilibre pondéral (yoyo bonjour).
Je commence à en avoir assez de ces imbéciles qui pensent que parce que eux sont minces, tout le monde est fait pour l'être. Bien sûr, l'obésité n'est pas souhaitable dans l'absolu, car elle menace la santé. Mais sans parler d'obésité, ce qui n'est pas mon cas, même les filles comme moi, avec un IMC longtemps normal mais "un peu rondes", puis un léger surpoids, se retrouvent fichées dans les grosses feignasses ou les sales morfales, sans même se donner la peine de réfléchir sur pourquoi elles sont rondes. Quant aux obèses, personne ne se dit "oh chouette, je vais devenir tellement gros que je vais menacer ma santé!". Généralement, quand on mange assez pour devenir si gros, c'est pathologique: soit la personne a une maladie métabolique ou génétique qui entraîne ce dérèglement, soit il y a un malaise psychique, voir psychiatrique, qui conduit à cette situation et entraîne souvent un cercle vicieux " je mange parce que je suis malheureux; parce que je suis malheureux je mange".
Si au lieu de culpabiliser les petites filles, voir même les petits garçons, sur leur petit bidon quand ils ne sont encore que de gros bébés, on leur apprenait à s'aimer comme ils sont, il y aurait, je pense, moins d'obèses, car moins de comportements compulsifs face à la nourriture, et de rapport conflictuel avec elle. Il suffit d'apprendre à ses enfants à être des "mangeurs heureux", comme disait mon prof de nutrition au premier semestre. C'est à dire, manger en faisant attention à sa santé, bien sûr, mais tout en sachant garder l'aspect hédonique de la nourriture, c'est à dire le fait qu'on ne mange jamais que parce que c'est notre carburant, mais aussi parce que ça nous procure du plaisir, et ce même chez les gens qui disent ne pas accorder d'importance à la nourriture - il y a toujours des choses qu'on aime plus manger que d'autres, et des aliments qui nous dégoutent ou qu'on apprécie peu...
Il faut savoir écouter sa faim, ne pas manger quand on n'a pas faim, mais savoir aussi manger quand il le faut - sinon, de toute manière, le corps se venge plus tard.

Bien sûr, je pourrais perdre très vite 6 kilos, même en deux semaines si je le voulais, je l'ai déjà fait plusieurs fois par le passé. Mais à chaque fois je les ai repris, plus des "avantages". Donc, cette technique ne fonctionne pas. Donc, j'ai décidé d'en changer. Je ne perdrai peut être pas beaucoup de pois avec celle-ci (bien que je crois dans le pouvoir du corps de se réguler tout seul au cours du temps, mais il faut savoir que pour ne pas reprendre de poids après, il ne faut pas perdre plus d'un kilo par mois...), en tout cas pas très vite, mais je serai plus heureuse en cessant de croire qu'un jour je ressemblerai à une baguette. D'autant que les filles comme moi qui y arrivent suivent des régimes impossibles, par exemple en ne se nourrissant que de jus bizarres genre papaye/aïl/épinard au petit déjeuner... et non, ce n'est pas mon genre . J'aime la nourriture, sans parler de se goinfrer, et je ne suis pas prète d'y renoncer.
Je dois arrêter de me voir comme une fille "normale" dans un corps de "grosse", avec cette impression que ce n'est pas moi à chaque fois que je me vois dans le miroir (en écrivant cette phrase, je suis choquée en réalisant que c'est exactement comme ça que je le vis depuis trois ans...), mais simplement accepter que la graisse qui est sous ma peau fait aussi partie de moi, et que si je veux m'aimer, je dois commencer par m'accepter telle que je suis. Ce n'est pas "moi" et "l'autre" dans un même corps (l'autre étant la graisse), mais moi, dans mon corps, qui est moi. Moi dans moi. C'est juste moi.
Et je ne suis que moi, je n'ai qu'un moi, alors je dois l'aimer pour ce qu'il est.

D'autant qu'il n'est pas si mal. En tout cas, mon chéri a l'air de m'aimer comme je suis. Et même si je me fais un peu moins siffler par des gros cons qu'autrefois, je ne pense pas vraiment que ce soit vraiment un critère de beauté... 

Ca ne signifie pas que je cesse de faire des efforts, au contraire, je me suis remise au sport depuis la fin de mes rattrapages (je suis allée courir, et je retourne à la salle de sport...), mais je ne jouerai plus à me torturer (de la même manière qu'au stretching je cesse de pousser à bout les positions, parce que même si je suis très souple, quand je pousse trop vite sur la corde en voulant faire mieux que tout le monde, j'abime mes ligaments trop souples et mes articulations qui ne cessent de craquer... je préfère travailler à mon rythme, et tant pis pour la blondasse qui se la pète à côté de moi et à qui je pourrais clouer le bec d'un coup de grand écart).
Bien sûr c'est douloureux, quand je vais courir, de voir qu'après trois kilomètres, je suis autant essoufflée qu'après huit autrefois, mais je me dis que c'est la récupération, et que ça fais du bien à mon corps, mes muscles, mon coeur, mon cerveau, et qu'il faut bien en passer par là si je veux récupérer ma santé.
Je songe à cesser de me peser, et juste à écouter mon corps. Parce que la balance à tendance à me servir de cerveau, et ça me fait complètement péter les plombs. Je crois que je vais faire ça, oui; juste me fier à mon ressenti, manger relativement équilibré, et regarder mes crans de ceinture.

Je devrai peut être me débarasser de mes vêtements de "60kg", parce que c'est toujours une tentation pour faire des régimes stupides. D'un autre côté, c'est difficile, parce que ce sont aussi des souvenirs. Et puis certaines de ces robes sont magnifiques, alors même si je ne dois jamais les reporter, je pense que je vais les garder.

Il faut que j'arrive à souffler toutes ces pensées dévalorisantes hors de moi comme un gros soupire, et puis ça ira mieux. A défaut de me délester de six kilos cet été, je pourrais me délester d'elles.

Après tout, j'ai bien accepté le fait que je n'aurai jamais une belle peau lisse - ne serait-ce que du fait de toutes mes cicatrices- et que je ne pourrais jamais étaler ce que je veux dessus comme certaines des mes amies, parce qu'en plus elle est hypersensible. Je finirai bien par accepter ces rondeurs.

Je me dis que je suis comme la lune, avec mes marques sur le visage, parfois ronde, parfois plus mince, croissante ou décroissante, toujours inconstante... mais toujours brillante, après tout. ;p

http://ephemeride.cowblog.fr/images/idees.jpgVoilà des femmes plus "comme moi". Dessin aux crayons de couleur, avril 2014.
 

Je crois que je suis sur la bonne voie. Je vais y arriver. J'y arrive.

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