Je n'ai pas grand chose à dire, mais l'envie de venir écrire ici.
Peut être parce que je n'ai aucune envie de réviser pont le contrôle continu de demain. J'ai déjà bossé tout ce matin. Ca me soule.
Il pleut, et j'avoue, ce genre de temps, ça me fait comme des chatouillis dans la tête. Elle devient toute légère et en même temps très lourde, et je n'ai qu'une envie: m'allonger et fermer les yeux. Et éventuellement baver un peu, ça me "sédate". J'ai juste envie de m'enrouler dans des draps, roulée en boule, et écouter le tapotement de la pluie qui tombe goute à goute sur le toit et les carreaux... tap... tap tap...
Ou bien, la regarder dégouliner à la fenêtre. En voiture, voir les gouttes faire leurs courses, se fondre et se confondre les unes aux autres, se séparer, se dépasser... on dirait des gamètes de pluie, en concurrence pour la vie. Ou bien on dirait des humains, qui s'unissent puis se séparent, s'aiment et se déchirent, continuant inexorablement leur bout de chemin, à vive allure, se dépêchant pour mieux tomber dans le vide.
Ou encore, depuis l'étage, regarder la pluie tomber dans la piscine, petites gouttes d'eaux dans une grande goutte d'eau, et se perdre dans un océan de froideur...bloup...bloup bloup... J'aimerais bien, un jour, voir pleuvoir sur la mer... mais pas un orage brutal, non, une petite pluie d'hiver comme celle-ci, sans vent, pas trop froide, confortable, avec comme une grosse couverture blanche sur le ciel, et un léger brouillard à l'horizon, qui étouffe les sons. Juste le son des vagues s'écrasant à mes pieds, et de la pluie tombant dans la mer.
J'aimerais prendre le ciel et m'enrouler dedans, couverture froide et humide, comme moi. Et fermer les yeux, et m'oublier.
Mais dehors, même si le ciel est blanc, l'eau froide, le brouillard léger... il y a les vignes dorées, qui courent devant la maison et sur les collines. Côte d'or.
L'automne refroidit le ciel mais réchauffe la terre de couleurs mordorées.
Je frissonne, pourtant ça fait quelques années que je ne suis plus frileuse. Un peu plus de quatre ans en fait. Comme si j'étais réchauffée de l'intérieur. Peut être aussi, comme si je profitais à nouveau de mes propres rayons.
Je crois que je commence enfin à prendre confiance en moi. A réaliser que je peut être fière de moi, non pas pour ce que je parais, ni pour ce que je fais, mais pour ce que je suis.
Je pense que personne ne prendra soin de moi si moi même je ne le fais pas. Et je pense qu'il est temps que j'arrive à m'aimer. Ce corps n'est pas parfait, mais c'est le mien, est en temps que tel, il devrait être celui que j'aime le plus, car c'est le seul que j'ai, c'est mon seul support, et c'est le seul corps qui m'appartienne de manière inconditionnelle. Je ne suis pas parfaite non plus d'esprit, et pourtant, je suis moi. Je dois apprendre à me dire je t'aime, sans me sentir ridicule. Qui a-t-il de plus précieux pour nous que nous même?
Après tout, si je disparais, personne d'autre ne sera moi. Il n'y a que moi pour être moi. Je suis ma seule chance d'exister. Et pour cette chance que je me donne d'exister, je devrais me remercier.
Bien sûr, si j'existe, c'est aussi grâce à mes parents. Et je suis la moitié de chacun d'eux. Enfin, du moins, tout mon corps. Et une bonne partie de mon caractère, et donc, de mon esprit.
Mais je suis aussi celle qui me suis donnée la vie, en vivant. En renouvelant cette vie en chaque instant, par chaque respiration, par chaque cellule mourant, par chaque cellule se divisant.
Et puis je me suis aussi façonnée moi même. J'ai décidé de ce que je voulais ou non être. J'ai décidé si je voulais ou non continuer à être.
Mon existence est ma seule certitude. Je suis ma seule certitude. Et rien que pour ça,je devrais m'aimer, me remercier. Car sans moi, pas de moi.
Sans mon moi permanent, cet ensemble de chaire, d'esprit, de sentiments et peut être, d'âme, sans ce moi, il n'y aurait pas cet autre moi, cette conscience du monde et de soit même, qui regarde le monde et se regarde elle même, ce moi immédiat.
J'aime la pluie car elle me rappelle toute ça. Elle me procure des sensations: tactiles, de par son humidité et sa froidure; visuelle, par sa légèreté/lourdeur; auditive, par son bruit qui me calme et m'endort; olfactive, par les odeurs qu'elle fait monter de la terre et de l'air... elle me rappelle que je suis en vie. Elle me rappelle que c'est ça, la vie: percevoir le monde, et soit même.
Le tactile étant pour moi la sensation suprême qui évoque la vie. Être en vie, c'est toucher. Il n'y a rien de plus intime que de toucher quelqu'un, pour moi, car c'est toucher sa vie même, c'est se faire entrechoquer nos vies, plus encore que par l'écoute, ou même que l'olfaction (pourtant très intime).
C'est aussi pour ça que j'ai horreur qu'on me touche. Parce que j'ai l'impression qu'en me touchant, on établit un lien trop intime avec moi, dont je ne veux pas. Les seuls habilités à me toucher sont ceux avec qui je partage déjà un lien très fort - et avec qui, d'une manière ou d'une autre, je partagerai toujours un lien, même séparés. Ma famille (quoi que...), mes amies très proches, mon petit ami. Les seuls habilités à me toucher sont aussi et surtout ceux qui ne me menacent pas. Ce dont je sais qu'ils ne me feront pas de mal, qu'ils ne me blesseront jamais, qu'ils prendront soin de moi. Ce qui exclue une bonne partie de ma famille d'ailleurs.
Oui, comme j'aimais à le dire petite "j'suis fragile". Et pourtant, je sais que je suis aussi étonnement forte.
J'ai envie d'un câlin.
J'ai envie de bras affectueux pour me serrer sur leur coeur.
Ou a défaut, m'enrouler dans ce vieux duvet en plumes d'oies et satin que ma mère m'a donné, qui lui appartenait petite. Si chaud et si moelleux, tout doux contre ma peau... mais devenu trop petit pour moi, et surtout trop abimé par les dizaines et dizaines d'années qu'il a vu, et ce malgré mes coutures.
Ou a défaut de chaleur, me perdre dans ma propre froidure, et dormir.
Bref. J'ai pas envie de bosser.
Dana, toile à l'aquarelle et pastels, été 2010.
Bonne journée.