Ephemeride

Ma vie, mes Jours, mes Nuits

Dimanche 7 juin 2015 à 20:49

Bonsoir,

Parfois, je me rends compte à quel point j'ai grandi, ces dernières années.
Le sucre m'écoeure plus vite, je me suis mise à aimer boire de la bière, j'ai redoublé ma première année de médecine, réussi mon concours de médecine, j'ai ouvert des cadavres humains (ou plutôt des morceaux), j'ai enfin réussi à dire ce que je pensais à ma soeur, je suis partie au bout du monde deux fois en deux ans, je vais normalement être tante dans quelques mois, mon grand-frère va se marier dans trois semaines.
J'ai appris à me faire des amis, à parler avec des gens qui ne m'intéressent pas et malgré tout à passer un bon moment.
Je me suis véritablement endurcie.
Pas dans le sens "dure à cuire", plutôt dans le sens "je relativise sans même m'en rendre compte".
Bien sûr j'ai encore mes moments de faiblesse.  Et ces derniers mois/années, j'ai eut des moments difficiles, entre la PACES, mon affrontement avec moi même et le psy, et mes parents qui ne parlent que de divorce. D'ailleurs actuellement j'hésite à partir de la maison en septembre pour aller faire une colocation avec des amies, parce qu'aux vues actuelles des choses, si je pars de la maison, il y a de gros risques pour que je ne puisse pas y revenir: mes parents divorceraient sans doute et vendraient la maison. Donc, tout départ étant définitif, je pèse très fortement le pour et le contre.
Mais j'ai réussi mon année pas trop mal - rattrapages de cardiologie mercredi, mais ça fait un mois que je la bosse, je commence à me dire que je suis prête - et surtout, je me sens moins seule depuis que j'ai réussi à me faire de nouveau un groupe d'amis stable à la fac. J'ai besoin de me sentir entourée. Même si je sais que je peux compter sur mes amies de collège et mes amis de lycée, avec nos orientations différentes on ne se voit pas très souvent, et j'ai besoin d'avoir des alliés dans ma vie de tous les jours, des gens avec qui partager des fous rires et des coups de gueule, avec qui parler des cours ou des profs. 
Ca c'est grâce à la corposki, je ne sais pas ce que j'aurais fait si je n'y étais pas allée, ou si j'étais tombée dans une autre chambre que la leur.
Les uns ne remplacent pas les autres, ce sont différents plans de ma vie. Et c'est vrai aussi que j'ai tendance à fonctionner à l'ancienneté, plus je connais quelqu'un depuis longtemps, plus j'y tiens.

J'ai trouvé une orientation potentielle, qui m'intéresse bien, dans la médecine.
Je continue à gribouiller entre deux leçons, pour le plaisir, même si je regrette de ne pas avoir le temps de prendre de cours de dessin. 
Bref.
Certains événements récents m'ont encore amenée à ré-examiner ma vie actuelle. Et je me suis rendue compte à quel point j'avais progressé, depuis cinq ans. Bien sûr, les progrès continuent et les efforts aussi, mais je me suis rendue compte que malgré toute l'adversité que je peux rencontrer, je suis une fille qui a à priori tout pour être heureuse, et que je ne m'en rendais même pas compte, parce que c'est devenu une espèce d'habitude d'angoisser à propos de mes études.

Et pourtant, les soirs d'été comme ceux-ci, les cheveux encore mouillés et qui sentent le monoï et le chlore de la piscine, je me sens vraiment heureuse.

Mon bonheur est toujours teinté de mélancolie, je ne sais pas bien pourquoi, mais j'ai appris à apprécié cette sensation, comme un soupçon d'amertume auquel on a pris gout.
Des fois je rêve que toute ma vie puisse être comme cette belle soirée, calme, sereine, ensoleillée, avec les feuilles des arbres qui se balancent doucement dans la brise tiède, et un bon morceau des Red Hot Chili Peppers dans les oreilles. Je rêve que je pourrais être toujours aussi en accord avec moi même. Pourquoi pas?
Simplement me laisser vivre librement.

Bonne soirée.






Jeudi 12 mars 2015 à 19:27

Bonsoir,

Je me demande parfois pourquoi je fais médecine. Je veux dire, aider les gens, tout ça, c'est génial, mais à la base je ne suis pas très portée sur les humains - non, à la base, je voulais être vétérinaire, parce que bien qu'étant quelqu'un de très -trop?- compatissant, j'éprouve encore bien plus de compassion envers les animaux. A vrai dire, j'ai toujours le sentiments que ma vraie famille, et ceux qui m'ont toujours soutenue depuis que je suis petite, dans mes problèmes relationnels avec ma famille et mes amis, ce sont mes animaux. Ca peut faire cliché mais pour moi c'est tellement vrai. Actuellement, j'ai un lapin, un chat et un chien, et dans la maison où je vis, vivent aussi un autre chat et un furet. J'aime les animaux parce qu'ils sont simples, clairs. Ils en se cassent pas la tête inutilement, ils ne disent pas de mal dans votre dos, ils ne s'imaginent pas des choses sur vous...etc.. Ils n'en ont rien à carrer de tout ça. Tout ce qu'ils veulent, c'est manger, boire, dormir, pisser, chier, jouer, câliner. Ils m'aiment pour ce que je suis, parce que je suis la main qui les nourrit bien sûr, mais aussi parce que je prends soin d'eux. Même Tipou, mon petit lapin qui ne brille pas par son intelligence - son cerveau doit faire la taille de son oeil je pense... - vient me réclamer des câlins le soir. Bon après, le côté calinou, ça ne marche pas sur tous les animaux, par exemple c'est généralement pas le genre des reptiles ou des poissons rouges hein.
Bref, si pour certains les animaux ne sont que dans l'assiette, pour moi, ils sont des êtres à part entière et je ne me considère jamais comme supérieure à eux sous prétexte que mon cerveau a plus de circonvolutions. Ca ne veut pas dire que je les laisse faire n'importe quoi - quand mon chien fait des bêtises, je le punis sévèrement - mais juste que je ne pense pas en droit de me penser supérieure. Ce que je fais, je le fais pour leur bien, comme le ferait une mère pour ses enfants, une grande soeur pour ses petits frères et soeurs. Je n'ai pas toujours beaucoup de temps à leur consacrer, et des fois c'est juste pas le moment (mon chat a le don de réclamer des câlins spécialement quand je n'ai pas le temps). Malgré ça j'essaie de toujours faire ce qui doit être fait pour eux: les nourrir, jouer un peu avec eux, les câliner un peu, changer les litières...etc.. Ca prend pas mal de temps, et c'est salissant d'avoir autant d'animaux, mais ça a aussi tellement de bons côtés.
Quand je rentre le soir et que je vois la fête de malade que fais mon chien rien que pour moi, qu'elle qu'ai été ma journée, ça me fait toujours sourire.
D'ailleurs rien que le voir dormir comme un bien heureux, les quatre pattes en l'air devant la télé, ça me fait marrer.
Evidemment c'est moins drôle quand ils meurent. Et quand on a laissé autant de place dans son coeur à un être, humain ou animal, forcément, ça met un bout de temps à cicatriser. Mais j'ai moins de peine quand je me dis que j'ai fait mon travail auprès d'eux, et que leur mort et bien leur mort, que c'est juste dans l'ordre des choses. Ils me manque, comme notre vieille chienne, mais c'est la vie, tout le monde y passe.

Bref. Au départ je voulais être véto. Mais je n'ai pas voulu faire deux ans de prépa, j'en avais plein le dos du lycée, d'autant que celui où la seule prépa BCPST du coin avait lieu, était à des millions d'années lumière de mon idéal, en plein centre-ville, sans une seule pelouse pour y jouer aux cartes, rempli de bobos trop cathos pour être vrais - même si évidemment l'ambiance en prépa est différente puisqu'on y trouve des gens d'autres lycées, c'est cette atmosphère générale qui y régnait qui me dégoutait d'avance. Et puis j'avais besoin de sortir un peu du giron de papa, je veux dire, même si mes parents ont toujours rêvé de me voir en médecine et qu'en y allant, j'ai exaucé leurs veux, je savais que la fac me confèrerait plus de libertés que la prépa et son aspect scolaire - même si, soyons honnête, je ne suis pas une fêtarde et je n'allais même pas au ru lors de ma première première année médecine tellement j'étais stressée pour mon concours. Il n'empêche que j'ai l'impression que si j'étais allée en prépa, je serais restée au stade lycéenne.
Même si le revers de la médaille, c'est aussi que ma fac est à Dijon et que du coup je suis forcée de rester sous le même toit que mes parents - même si j'ai bon espoir que d'ici quelques mois, cela change enfin.

Le truc, c'est que, outre véto ou médecine, il y a plein de choses qui m'intéressent beaucoup, et dont je me dis parfois, ok, souvent, qu'elles "m'épanouiraient" plus que médecine. Parce que ok, j'aime la neuro, mais qu'est ce que je me tape comme matières chiantes bourrées de biochimie dont je me bats les steaks éperdument - citons par exemple, l'oncologie, que j'abhorre et j'exècre, rien que d'y penser, pouah!

Je pense que j'aurais adoré faire un travail créatif - parce que pour être honnête, c'est ce dont j'ai toujours rêvé, et c'est mon seul vrai talent. J'aurais aimé être pâtissière, ou bien travailler dans la mode, ou bien même carrément essayer de faire une fac d'art... on peut toujours rêver.

J'ai aussi toujours eut un don naturel pour les langues. D'ailleurs ma prof d'espagnol de collège était persuadée que j'en ferais mon métier, à ce qu'il paraît. C'est vrai que j'adore ça, apprendre à parler une autre langue, et communiquer avec des gens d'autres cultures, voyager... ça, c'est sûr que ça m'aurait bien plu.

J'ai aussi toujours adoré l'histoire. J'aurais peut être du faire comme un de me amis, histoire de l'art. C'est clair que j'aurais adoré.

Mais le problème de tout ça, c'est les débouchés, loin d'être convaincants pour mon père. Et j'avoue, je suis habituée à mon petit confort, je me vois mal me tailler de la maison pour me lancer dans des études combinées à des petits jobs, avec pas un rond et pas de temps pour moi (bien que je n'ai pas non plus des masses de temps pour moi avec mes études de médecine...), tout ça pour des études dont je ne suis pas sûre des débouchés.
Quand au reste des études possibles pour mon père, ça se limite à science, droit et commerce. Tout ce qui me donne envie de vomir quand j'y pense. Je vois mal l'intérêt qu'on peut avoir à passer sa vie dans des choses complètement abstraites, dans de la paperasse ou à essayer de vendre des choses à des gens qui n'en ont dans le fond pas besoin. Oui je sais c'est sans doute réducteur mais par essence, ça ne m'attire pas.

A vrai dire si je suis motivée maintenant, c'est parce que j'ai enfin trouvé ce qui m'intéresse dans mes études. Et clairement, c'est le cerveau humain. Je veux vivre de ça. Psychiatre ou neuro, peu importe. Même la recherche m'intéresserait bien là dessus. J'ai même envie de faire un master dessus, alors qu'il paraît qu'il est hyper casse-bonbons, c'est dire!
Mais pour la première fois, je n'ai pas l'impression d'apprendre pour rien. Je veux dire, j'adorais la nutrition au premier semestre, mais je ne me vois pas trop trop passer ma vie à faire ça. Par contre la neuro... j'ai encore beaucoup à apprendre sur le sujet, mais ça ne me chagrine pas du tout.
J'ai bien sûr le temps d'avoir d'autres coups de coeur... ce qui est sûr en revanche est qu'on ne me verra jamais cardiologue. Ni oncologue.
Bizarrement deux matières qui ont l'air de brancher pas mal d'aspirants médecins.

Sinon... demain, j'ai contrôle continu et pas appris la dernière distribution - et je ne l'apprendrais pas, ça me fait suer, elle est hyper épaisse et surtout ils nous ont collé un séminaire obligatoire demain matin - sachant qu'on a eut la distri à midi aujourd'hui et qu'on doit la connaître pour demain 14h, et qu'elle fait au moins 150 pages, ils peuvent toujours se brosser - moi qui avait bien bosser pour finir à temps pour avoir le temps de la bosser, ça me fait suer des conneries pareilles, je boycotte la distri, même si je serai la seule à en souffrir.
Au pire j'aurais 8, bon, tant pis. De toute manière avec 13 de moyenne générale au premier semestre, je repasse quand même la cardio en Juin et ça me soule, alors si j'ai que 10 au deuxième semestre, tant que je n'ai pas de ratrappages, je m'en fiche.

Allez...assez raler pour ce post inutile, je vais essayer de me distraire et de penser à autre chose.

Bonne soirée.
 

Mercredi 18 février 2015 à 21:01

Bonsoir

Ce soir je viens vider un peu mon sac, une fois de plus.
Aujourd'hui, j'avais exposé d'anatomie. J'ai passé ma soirée d'hier et une partie de ma matinée de ce matin à bosser cet exposé, mais mes schémas n'étaient pas prêts, et, en résumé, je me suis fait descendre par le prof d'anatomie sur le schéma que je faisais pour celle du groupe qui se chargeait du nerf vestibulo-cochléaire et des stries accoustiques... sachant que c'est moi qui lui ai donné les sites où elle a fait ses recherches, que je me suis donnée beaucoup de mal à tout préparer... je me suis fait descendre sur sa partie. Elle n'y est absolument pour rien, mais le prof avait l'air de m'avoir prise en grippe et, à coup de "mais vous n'avez rien compris", et "mais qu'est ce qu'elle fait" au moindre trait que j'esquisse, ou "mais c'est quoi ça?"... bref, petit la pression a monté jusqu'à exploser, et j'ai fini, malgré tous mes efforts pour me retenir, par fondre en larmes. Il faut dire que dès ma première phrase, lors de l'intro, il m'a descendue.
Enfin... une personne "normale" n'aurait pas réagi de la sorte. Mais je n'y peux rien. Quand j'ai raconté ça à mon père, sa réaction a été "il faut vraiment que tu apprennes à te contrôler".
Putain.
Comme si je le choisissais. Comme si j'avais envie de chialer devant toute les groupes d'anatomie et devenir la risée de la promo. Un futur médecin qui pleure quand on le critique trop... bah voyons! Classe! Très professionnel et tout!
Sans parler de l'image auprès des gens de mon groupe d'anatomie. Ca fait très fiable. Maintenant ils vont avoir peur à chaque fois que je vais passer à l'oral.
Sauf que le problème, c'est que je n'y peux rien, mais vraiment rien. Je me retiens de toute mes forces, mais le propre des larmes, c'est d'appartenir au système nerveux végétatif, et donc d'être, n'en déplaise à mon père, hors de tout contrôle volontaire.
Surtout que sentir que je vais pleurer en public me panique, alors je stress encore plus et à n'y pas manquer, je pleure, alors que je ne le souhaite absolument pas!
Mais ça, mon père ne peut pas comprendre, lui qui me disait quand j'étais petite "pleure! tu pisseras moins ce soir". Très intelligent...

Je me souviens que, lors de mon premier rendez-vous avec le psychiatre, j'ai pleuré comme une fontaine, avant même de commencer à parler. Et je m'en suis voulue, je me suis excusée, et il m'a dit en me tendant un mouchoir "ici c'est autorisé". Alors ça m'a fait beaucoup de bien. Pour une fois je n'avais pas honte de ce dont je ne peux pas m'empêcher.
Ca me semble absurde, cette tendance à pleurer comme une madeleine face à l'ennemi.
En fait, je pleure parce que face à l'agression par un professeur, je ne peux pas me défendre. Je ne peux pas l'envoyer chier, je ne peux rien dire qui soit aussitôt critiqué par lui (ce prof a lui même quelques soucis...) et tourné en dérision contre moi...
J'ai toujours des réactions disproportionnées. Sauf que d'habitude je sais que c'est disproportionné, alors je me tais. Mais quand l'émotion est trop forte, je ne peux pas empêcher mon corps de s'exprimer, malgré mes efforts.
Au début je me suis dit, en sortant d'ed, que j'avais réagi de la sorte parce qu'il m'avait critiqué alors que j'étais stressée et parce que j'avais une mauvaise estime de moi... et en suite je me suis dit que non, de tous temps, j'ai toujours réagi comme ça. J'ai toujours été disproportionnée. Je me suis demandé si c'était ce qu'on appelle de "l'hypersensibilité". Alors j'ai cherché le terme sur Internet et je suis tombée sur une page qui m'a dégoutée... la description collait assez, mais dit comme ça, ça me semblait presque une sorte d'avantage: en gros ils disaient que les gens hypersensibles avaient tendance à être avoir "réactivité, finesse psychomotricité, sens hyperdéveloppés"...ça me faisait penser à ces parents qui disent de leur enfant "ce n'est pas sa faute, il est hyperactif", ou "il est surdoué", ça me faisait penser à tous ces gens qui veulent tellement être différents qu'ils cherchent le moindre symptôme d'une maladie sur Internet... et je ne veux pas faire partie de ces gens pathétiques. Je ne sais pas si je suis hypersensible, je ne sais même pas si ça existe vraiment. Et même si globalement la description colle assez (notamment la tendance à avoir des comportements addictifs, le stress omniprésent, la fatigue, la propension à se poser toujours des tas de questions, le perfectionnisme qui chez moi tourne aux TOC...), j'ai l'impression que c'est facile de trouver ce genre de symptômes et de les coller au syndrome qui nous arrange. Surtout que les gens des commentaires semblaient tous presque fiers de dire "je suis hypersensible", alors que personnellement, mes réactions disproportionnées me pourrissent la vie et me font souvent me sentir comme une grosse merde.
On aurait dit que c'était le jeu de se trouver une particularité. Personnellement ça ne m'amuse pas. Je suis en panique intérieure dès que je parle à quelqu'un, et dès que j'ai l'impression qu'il m'envoie des "mauvais" signaux, qu'il ne m'apprécie pas. Au point que j'en finis parfois par redouter les activités sociales, les occasions de voir d'autres gens, de peur de cette sensation paranoïaque. Même si ces derniers temps ça allait mieux car je m'étais fait quelques amis à la fac, dans les premières semaines, je faisais des cauchemars dans lesquels certains me disaient qu'en fait ils me détestaient et ne voulaient plus me parler.
Je me dis que je devrais peut être retourner consulter, pour essayer de gérer au mieux ma tendance à perdre pieds si facilement. Mais peut être pas -non, sûrement pas- avec le même psy. Sauf que si je dis à mon père que je veux retourner consulter, il va encore mal le prendre, comme la première fois, et il va m'envoyer chez le même psychiatre, s'il consent même à me laisser dépenser de l'argent pour ça... Il le prendra très mal. Mon père déteste la moindre manifestation de faiblesse psychique chez moi, sûrement à cause de ma mère qui est elle même complètement folle.
Mais j'aurais besoin de l'aide de quelqu'un qui puisse m'aider, qui s'y connaisse pour faire la différence entre le normal et l'anormal.
Parce que tout le monde m'engueule dans ma famille dès que je pleure ou m'énerve - pourtant je vais m'isoler pour ne pas me disputer avec eux quand je sens que ça monte, mais c'est mal pris, et on dit aussitôt que je suis soupe au lait ou on me traite de parano.
Mais je jure que je n'y peux rien. Je n'arrive pas à prendre de la distance avec les choses et les gens. Je n'arrive pas à inhiber ces réactions purement involontaires.

Pour la petite histoire, après le cours, le prof est venu me voir en me disant qu'il ne fallait pas que je prenne les choses si mal, que c'était pour nous entraîner pour nous mettre face à une situation réelle... tout gentil... à des km du sadique qui adore nous rabaisser. Je pense qu'il a été mal à l'aise. Mais c'était de loin moi la plus mal à l'aise des deux. Surtout que, nous interrompre et nous critiquer, d'accord, je ne dis pas, c'est normal. Mais la manière dont il le fait, ça s'appelle de l'humiliation.

Bref, je n'aime pas ce post car on dirait une pauvre petite chose qui se plaint. Je ne veux pas être ça. Je ne veux pas être cette petite chose fragile. Le problème, c'est que je le suis complètement. Une petite chose pathétique qui s'inquiète dès qu'on fronce des sourcils en la regardant.

Je ne sais pas quoi penser de tout ça... toute seule, j'ai du mal à démêler le faux du vrai, ce qui est acquis et ce qui est inné, si c'est mon histoire ou si c'est la manière dont je suis faite qui entraîne ces "hyper-réactions".
En tout cas, une chose est sure, pour ceux qui m'engueulent là-dessus: je ne le choisis pas. Au contraire. Je le subis à chaque fois.

http://ephemeride.cowblog.fr/images/anat.jpgJuste histoire de montrer que si, je sais faire des beaux schémas d'anatomie...

Bonne soirée.

Samedi 31 janvier 2015 à 21:51

Bonsoir!

Ce soir, je passe faire une petite mise au point sur ma vie actuelle, et peut être, pour ceux que ça peut intéresser, donner quelques nouvelles...

Donc. Je n'ai toujours pas mes résultats de partiels, on les aura courant février, j'ignore précisément quand. Et à vrai dire je m'en fous un peu. Je sais qu'ils arriveront, et je sais que je vais sûrement devoir rattraper la cardio. Bon. C'est la vie. Mon père et ma famille me tannent pour savoir quand sont les résultats (j'ai failli bénir le copain de ma soeur qui, lorsqu'elle a demandé quand étaient les résultats, a dit "mais, ce n'est plus un concours"), et ça m'agace, mais je m'arrange pour être le moins possible à la maison.

Je bosse, et même beaucoup, mais principalement à la BU. Mais je pense que je vais rester à celle de médecine un bout de temps, vu qu'un type un peu relou (pas méchant ni vulgaire, mais relou) m'a collée à celle de science. Je vais laisser quelques semaines s'écouler pour qu'il m'oublie un peu, qu'il comprenne l'allusion "merci mais non merci". Il faut dire que je lui ai peut être répondu un peu trop cordialement. Ca m'apprendra à être aimable pour une fois.

Enfin. Le truc, c'est que je suis assez motivée ces derniers temps. Bon, le contrôle de vendredi me stresse, mais les matières du semestre m'intéressent (de la neurologie! et de l'orthopédie! et de l'infectiologie!...par contre le niveau a aussi augmenté...), j'ai perdu un peu de poids pendant les vacances (même si avec le stress de cette semaine j'ai repris un peu, on s'est motivée avec une amie pour se soutenir), et je me suis fait de nouveaux "amis" pendant la corposki. Je dirais que parmi ces "amis", certains ont du bon potentiel pour devenir de vrais amis, et d'autres ne seront que des connaissances de passage. Mais tant pis, ou tant mieux. Je prendrai ce qu'on me donne, ou ce que j'ai envie de prendre, et si ça ne marche pas, tant pis. Je fais quand même des efforts pour que ça marche, bien sûr. Je combats ma tendance naturelle au pessimisme, à la timidité. Je me "force" à sortir souvent. Pas en boîte, je sais que ça ne m'intéresse pas de toute manière, je ne peux pas jouer à être ce que je ne suis pas - du moins pas au-delà d'un certain stade. Mais au ciné, à la patinoire, en pré-soirée chez eux, au restau... De plus, je suis motivée parce que je sais que les choses vont changer, concrètement.
Mon chéri bosse pour passer la certification java, pour trouver du travail à Dijon et qu'on vive enfin ensemble. ^^
C'est vrai qu'au début j'étais terrorisée. J'ai même carrément paniqué. A l'idée de le faire tout quitter et que ça ne marche pas, en résumé (peur de le décevoir, peur qu'il me déçoive, peur qu'on se fasse du mal... il faut dire aussi que notre seule expérience à "long" terme ensemble s'était mal passée). Mais comme il dit "on ne saura pas tant qu'on n'a pas essayé". Après, bien sûr, il faut qu'il trouve sur Dijon, et ici, c'est pas franchement la Mecque du secteur tertiaire.
Du coup, je prends un peu plus de distance avec les remarques de mon père et de ma soeur, et l'absence de ma mère. Après tout, je vais avoir 21 ans, il est temps que j'apprenne à me foutre de ce qu'ils pensent. Quitte à passer pour une égoïste. J'ai beaucoup trop pensé aux autres jusqu'ici. On me fait clairement comprendre que mon comportement ne plait pas... pourtant, soit dit-en passant, je suis à des années lumière d'être la fêtarde que mon frère ou ma soeur étaient. Seulement, je suis le dernier enfant, dans une grande maison où il ne reste, sinon moi et les animaux, qu'un couple qui se déchire. Du coup, je suis leur dernière raison "tangible" d'être ensemble, et ils ont tous les deux peur de l'après. Peur de se séparer. Peur de devoir refaire sa vie. Peur d'avancer.
Sauf qu'à force, ils ont failli me couler au dernier semestre.

Entre les cours qui ne m'intéressaient souvent pas et qui tombaient par centaines de pages chaque semaine, ma famille en bordel, et ma solitude, je n'allais vraiment pas bien en décembre - au point que certains jours, je songeais à faire des bêtises... Et surtout, je ne voyais pas d'échappatoire à tout ça. Mais maintenant, je sais que je peux aussi choisir une autre voix que celle de la victime. Quitte parfois à être le bourreau. D'ailleurs, ces rêves où on me pourchassait pour me tuer, ça fait quelques mois qu'ils ont changé. Je me réveille en train de torturer par vengeance une femme qui m'avait tenue captive et torturée pendant des années - clairement, même si elle n'en avait pas le visage, pas besoin d'être psy pour comprendre que c'est ma mère et toute son histoire que je torturais. 
Ma mère...

Pour l'instant, vivant sous le même toit qu'elle, le seul moyen pour moi de ne pas souffrir, c'est de la détester. Pourtant, là aussi, depuis quelques semaines, je la déteste moins. Je la comprends peut être un peu mieux. Parce que je vais mieux, elle m'irrite moins. Le problème, c'est qu'elle et moi, on se ressemble beaucoup, et j'ai une partie de ses défauts. Sauf que je fais tout pour ne pas les exprimer, parce que j'ai beaucoup souffert de ses défauts, alors quand je la vois faire tout ce que je ne veux pas être, ça me mets hors de moi.

Je n'ai plus envie de pleurer à chaque fois qu'on parle de mère. Je commence à en faire mon deuil. Bien sûr ça fait mal, de faire le bilan et de voir qu'on a dû faire la plus grande partie de son enfance, puis de son adolescence, sans mère. Mais quand j'étais toute petite, elle était là. Faillible, mais là. C'est déjà ça.
Et je sais que malgré tout, elle m'aime. Je devrais me contenter de ça. Et tâcher, moi, d'être une bonne mère pour moi même, comme je m'y suis souvent efforcée. "Si tu ne prends pas soin de toi, personne ne le fera", m'a dit mon père il y a un an. Et c'est vrai. Puisque je suis la personne pour qui je compte, logiquement, le plus. Il faut donc que je prenne soin de moi, au lieu de toujours me négliger et m'oublier dans des passe-temps futiles et vains.
Je devrais m'investir à nouveau dans des activités concrètes. M'inscrire à des cours. De langue, de dessin, de chant, de danse. Comme avant.
Il y a un stade où il faut cesser d'attendre le prince charmant et se montrer combative. Même si mon prince est adorable et serviable, il n'est pas moi. Je l'avais compris, autrefois, dans la solitude dans laquelle me laissait le fantôme que je poursuivais: on est toujours seul, dans le fond. Et du coup, je me montrais combative -même si, en passant, j'étais malheureuse comme les pierres et que c'est ça qui m'a rendu pessimiste, c'était un peu marche ou crève:  puisque personne ne prendra soin de toi, il faut que tu fasses de ton mieux pour toi même (et pour gagner son intérêt). Et je n'attendais jamais rien de lui, parce que sinon, j'étais sans cesse déçue, et mon coeur se brisait sans arrêt. Comme ça, quand il lui arrivait de penser à moi, j'avais l'impression de vivre un rêve... mais tout ça était artificiel, fabriqué de toute pièce par mon imagination. Je réalise que je nous ai tous les deux fait vivre dans le rêve que j'avais tissé autours de nous, nous maintenant quelque part captifs de cette toile, et en même temps, me plaignant d'être toujours seule. Il faut dire qu'il n'était pas très vindicatif... mais moi, je voulais tout contrôler. Le temps passe et petit à petit, je comprends quelques éléments, par ci-par là de son attitude, si  incompréhensible pour moi à l'époque - même si j'avoue qu'aujourd'hui encore, des explications ne seraient vraiment pas de refus pour clore enfin le chapitre de ce que je me suis infligée à moi même.

Dans le fond, on est sa seule certitude, on est tout seul dans son univers, et les autres, on n'a jamais aucune certitude qu'ils soient réels. Je me pose souvent cette question avec mon chéri, quand je le sers dans mes bras: j'ai l'impression que je n'arrive pas à être avec lui comme je le voudrais. Parce que ça me semble absurde, alors qu'on est en couple, que je n'arrive pas à sortir de ma tête pour être vraiment avec lui. J'ai trop de pensées, constamment, à l'esprit. Je n'arrive pas à lâcher prise. Et même si je ne suis pas préoccupée, même si je suis détendue, il y a toujours le filtre de la pensée entre lui et moi: la mienne, et la sienne. Nous ne serons jamais vraiment ensemble.
Parce que - heureusement et en même temps malheureusement- nous sommes deux personnes distinctes et dans l'absolu, pouvant vivre séparément, comme nous le faisons 90% du temps.
D'un côté, c'est triste que deux personnes, aussi fort qu'elles puissent s'aimer, ne puissent jamais être vraiment ensemble.
D'un autre, c'est heureux, parce que nous sommes deux individus distincts, et c'est aussi ce qui fait la richesse de notre relation. Si nous avions les mêmes pensées, nous serions la même personne, alors il n'y aurait pas d'intérêt à ce que nous soyons ensemble. Ce serait comme être amoureux de soit même. Sans intérêt.

Petit à petit, ces choses que je trouvais triste, je les accepte comme faisant partie de moi même. "Tu n'es vraiment pas comme eux", m'a t-on dit l'autre soir, en pointant du doigt les autres étudiants en médecine, complètement déjantés.
Oui et non.Je peux me montrer beaucoup plus fantasque qu'eux... sauf que je n'ai besoin ni d'alcool ni de cannabis pour ça. Mais c'est vrai qu'aussi riant soit mon masque, en une seconde le sourire peut fondre, pour retrouver le noyau dur de ma personnalité: sérieuse et rêveuse à la fois.
Je ne suis pas dans leur délire, et ils ne peuvent pas être dans le mien. Je connais des gens assez proches de moi, mais ce ne sont pas ceux que je côtoie quotidiennement, et c'est pour ça qu'au semestre précédent, j'étais si triste et seule. 
Mais je crois maintenant que je peux faire mon trou en était moi même. J'ai l'impression que des gens peuvent m'accepter pour ce que je suis. Avec mon aspect sérieux, mon extérieur froid, qui cache en fait un intérieur chaud.
Je ne demande qu'à aimer les gens, mais souvent je me suis fait jetée tellement fort, qu'instinctivement, je les repousse. Et c'est ce que j'essaie de combattre maintenant. Ne pas regarder les gens avec agressivité,même inconsciemment. Essayer de comprendre leurs centres d'intérêt. Trouver leur "code" de langage, puisqu'on a vu en communication que tout langage est un code. Essayer de prendre des nouvelles...
Ca peut paraître très calculé et j'ai conscience que ça l'est, mais sans tout ça, je suis incapable de m'adapter. En fait, quand je suis en relation avec les autres, enfin ceux que je ne connais pas très bien, je suis toujours en panique intérieure. Des fois j'ai l'impression d'être une autiste qui apprend à communiquer. Pourtant clairement, je suis très habile à savoir ce que les autres ressentent, voir ce qu'ils pensent dans certains cas. Le problème, c'est que malgré ça, je ne sais pas comment interagir pour entrer dans leur "groupe". Tout le semestre dernier, je voyais l'une de mes meilleurs amies progresser de plus en plus, et si facilement, dans un groupe qui m'était inexorablement imperméable - et qui l'est toujours, malgré eux et malgré moi. En fait, si ça ne se fait pas naturellement, avec moi, ça ne se fait pas. Parce que j'ai beau essayer, je ne suis pas ce genre de personne qui sait sur quels fils tirer pour se faire des amis. Je ne suis pas manipulatrice. Enfin... oui et non. Je pense, pas plus que quelqu'un de normal, en fait.
Sauf que ce qui est anormal, c'est la manière dont le contact avec les autres me fait paniquer. Mais je dois combattre ça. Accepter que oui, les gens ne m'aiment pas forcément. Que, forcément, ils pensent du mal de moi à un moment ou un autre. Que c'est normal. Et que je n'y peux rien.
Eclaircir mes pensées. Balayer mes doutes infondés. Ne garder que l'essentiel, le sérieux, le fondé. Sans me mettre pour autant des oeillères. Me fermer aux pensées et doutes inutiles, me fermer aux attaques et piques des gens qui me veulent du mal, mais m'ouvrir à toute les bonnes choses qui peuvent m'arriver. Le problème, ce n'est pas le nombre de mes questions, car se poser des questions, je trouve ça intéressant, et ça fait progresser. Non, le problème, c'est qu'il ne faut pas que l'absence de réponse ou l'abondance de questions me paralysent et m'empêche de vivre simplement dans le même temps. Et accepter que je ne peux pas tout faire, je ne peux pas répondre à tout. Et si, au passage, je pouvais aussi me sourire dans le miroir, sincèrement, pour une fois. Mon sourire me manque. Mon approbation envers moi même me manque. Je me manque en fait. Il est temps que je fasse fondre cette armure.
En bref, lâcher prise.


En résumé: tout va bien.

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Un ami.


Bonne nuit.







 

Jeudi 9 octobre 2014 à 15:38

Bonjour!

Je n'ai pas grand chose à dire, mais l'envie de venir écrire ici.
Peut être parce que je n'ai aucune envie de réviser pont le contrôle continu de demain. J'ai déjà bossé tout ce matin. Ca me soule.



Il pleut, et j'avoue, ce genre de temps, ça me fait comme des chatouillis dans la tête. Elle devient toute légère et en même temps très lourde, et je n'ai qu'une envie: m'allonger et fermer les yeux. Et éventuellement baver un peu, ça me "sédate". J'ai juste envie de m'enrouler dans des draps, roulée en boule, et écouter le tapotement de la pluie qui tombe goute à goute sur le toit et les carreaux... tap... tap tap...
Ou bien, la regarder dégouliner à la fenêtre. En voiture, voir les gouttes faire leurs courses, se fondre et se confondre les unes aux autres, se séparer, se dépasser... on dirait des gamètes de pluie, en concurrence pour la vie. Ou bien on dirait des humains, qui s'unissent puis se séparent, s'aiment et se déchirent, continuant inexorablement leur bout de chemin, à vive allure, se dépêchant pour mieux tomber dans le vide.
Ou encore, depuis l'étage, regarder la pluie tomber dans la piscine, petites gouttes d'eaux dans une grande goutte d'eau, et se perdre dans un océan de froideur...bloup...bloup bloup... J'aimerais bien, un jour, voir pleuvoir sur la mer... mais pas un orage brutal, non, une petite pluie d'hiver comme celle-ci, sans vent, pas trop froide, confortable, avec comme une grosse couverture blanche sur le ciel, et un léger brouillard à l'horizon, qui étouffe les sons. Juste le son des vagues s'écrasant à mes pieds, et de la pluie tombant dans la mer.
J'aimerais prendre le ciel et m'enrouler dedans, couverture froide et humide, comme moi. Et fermer les yeux, et m'oublier.

Mais dehors, même si le ciel est blanc, l'eau froide, le brouillard léger... il y a les vignes dorées, qui courent devant la maison et sur les collines. Côte d'or.
L'automne refroidit le ciel mais réchauffe la terre de couleurs mordorées.
Je frissonne, pourtant ça fait quelques années que je ne suis plus frileuse. Un peu plus de quatre ans en fait. Comme si j'étais réchauffée de l'intérieur. Peut être aussi, comme si je profitais à nouveau de mes propres rayons.
Je crois que je commence enfin à prendre confiance en moi. A réaliser que je peut être fière de moi, non pas pour ce que je parais, ni pour ce que je fais, mais pour ce que je suis.
Je pense que personne ne prendra soin de moi si moi même je ne le fais pas. Et je pense qu'il est temps que j'arrive à m'aimer. Ce corps n'est pas parfait, mais c'est le mien, est en temps que tel, il devrait être celui que j'aime le plus, car c'est le seul que j'ai, c'est mon seul support, et c'est le seul corps qui m'appartienne de manière inconditionnelle. Je ne suis pas parfaite non plus d'esprit, et pourtant, je suis moi. Je dois apprendre à me dire je t'aime, sans me sentir ridicule. Qui a-t-il de plus précieux pour nous que nous même? 
Après tout, si je disparais, personne d'autre ne sera moi. Il n'y a que moi pour être moi. Je suis ma seule chance d'exister. Et pour cette chance que je me donne d'exister, je devrais me remercier.
Bien sûr, si j'existe, c'est aussi grâce à mes parents. Et je suis la moitié de chacun d'eux. Enfin, du moins, tout mon corps. Et une bonne partie de mon caractère, et donc, de mon esprit.
Mais je suis aussi celle qui me suis donnée la vie, en vivant. En renouvelant cette vie en chaque instant, par chaque respiration, par chaque cellule mourant, par chaque cellule se divisant.
Et puis je me suis aussi façonnée moi même. J'ai décidé de ce que je voulais ou non être. J'ai décidé si je voulais ou non continuer à être.
Mon existence est ma seule certitude. Je suis ma seule certitude. Et rien que pour ça,je devrais m'aimer, me remercier. Car sans moi, pas de moi.
Sans mon moi permanent, cet ensemble de chaire, d'esprit, de sentiments et peut être, d'âme, sans ce moi, il n'y aurait pas cet autre moi, cette conscience du monde et de soit même, qui regarde le monde et se regarde elle même, ce moi immédiat.

J'aime la pluie car elle me rappelle toute ça. Elle me procure des sensations: tactiles, de par son humidité et sa froidure; visuelle, par sa légèreté/lourdeur; auditive, par son bruit qui me calme et m'endort; olfactive, par les odeurs qu'elle fait monter de la terre et de l'air... elle me rappelle que je suis en vie. Elle me rappelle que c'est ça, la vie: percevoir le monde, et soit même.
Le tactile étant pour moi la sensation suprême qui évoque la vie. Être en vie, c'est toucher. Il n'y a rien de plus intime que de toucher quelqu'un, pour moi, car c'est toucher sa vie même, c'est se faire entrechoquer nos vies, plus encore que par l'écoute, ou même que l'olfaction (pourtant très intime).
C'est aussi pour ça que j'ai horreur qu'on me touche. Parce que j'ai l'impression qu'en me touchant, on établit un lien trop intime avec moi, dont je ne veux pas. Les seuls habilités à me toucher sont ceux avec qui je partage déjà un lien très fort - et avec qui, d'une manière ou d'une autre, je partagerai toujours un lien, même séparés. Ma famille (quoi que...), mes amies très proches, mon petit ami. Les seuls habilités à me toucher sont aussi et surtout ceux qui ne me menacent pas. Ce dont je sais qu'ils ne me feront pas de mal, qu'ils ne me blesseront jamais, qu'ils prendront soin de moi. Ce qui exclue une bonne partie de ma famille d'ailleurs.

Oui, comme j'aimais à le dire petite "j'suis fragile". Et pourtant, je sais que je suis aussi étonnement forte.

J'ai envie d'un câlin.
J'ai envie de bras affectueux pour me serrer sur leur coeur.
Ou a défaut, m'enrouler dans ce vieux duvet en plumes d'oies et satin que ma mère m'a donné, qui lui appartenait petite. Si chaud et si moelleux, tout doux contre ma peau... mais devenu trop petit pour moi, et surtout trop abimé par les dizaines et dizaines d'années qu'il a vu, et ce malgré mes coutures.

Ou a défaut de chaleur, me perdre dans ma propre froidure, et dormir.

Bref. J'ai pas envie de bosser.


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Dana, toile à l'aquarelle et pastels, été 2010.

Bonne journée.

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