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Ma vie, mes Jours, mes Nuits

Dimanche 12 juillet 2015 à 18:33

Je déteste quand des marques utilisent de grands principes pour leur faire de la pub. Telle Always, qui se sert de bons sentiments féministes pour vendre leur déjà fort connues serviettes hygiéniques. Je trouve ça presque autant discréditant que les marques qui font l'inverse, et sortent de bons vieux clichés anti-fémnistes aux possible pour vendre - et là je vise plus Veet et son fameux "quand mon minou est tout doux", fait pour inciter les toutes jeunes filles à avoir honte de leurs poils pubiens en mettant en scène une petite chatte dans une chambre rose de pré-ado, ou encore cette pub qui dit clairement qu'une femme avec des poils est un homme.   
Je trouve qu'elles sont autant préjudiciables à la situation de la femme, l'une que l'autre. Vous allez me dire que j'abuse, que la pub Always rend service au contraire, et qu'après tout s'ils se font de l'argent dessus ce n'est pas grave, peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse...Mais moi je ne suis pas d'accord, parce que je trouve que ça banalise le féminisme et le transforme en argument commercial, ça le dédramatise, l'air de dire "non mais en vrai, le féminisme, la cause féminine, tout ça, ça sert à rien en occident si ce n'est vendre des serviettes hygiéniques aux bonnes femmes!".
Si une marque qui vend de la nourriture utilisait des gamins qui crèvent de faim pour vendre leur purée, tout le monde trouverait ça anormal (du genre, "mangez notre produit parce que d'autres dans le monde aimeraient pouvoir le faire", c'est un peu la même chose non?). J'utilise un exemple assez gros pour qu'on comprenne l'idée, bien sûr. C'est à dire que les causes que certains défendent, que les inégalités dans le monde, que des combats pour lesquels certains s'engagent voir se mettent en danger, ne sont pas des arguments de vente.

Je passe pas mal de temps sur Internet (notamment durant les révisions, bizarrement), et je suis choquée par le nombre de réflexions anti-féministes qu'on y trouve, y compris de la part des femmes. Alors je me suis dit que, à ma petite échelle, je pourrais peut-être contribuer à rétablir un peu l'équilibre en ré-expliquant ce qu'est vraiment le féminisme, pour lequel des femmes et des hommes s'engagent, et non pas cet espèce de fantasme que certains arriérés partagent, craignant de se retrouver eux-mêmes dans la situation des femmes autrefois (ce qui montre bien que ça n'a rien d'enviable) ou même actuellement à bien des endroits du globe.
Alors, on va faire ça simplement pour ne pas s'égarer en de longues phrases inutiles: le féminisme, ça pourrait s'appeler "égalitarisme", sauf que ça a déjà été pris par des régimes dictatoriaux peu scrupuleux, alors ce mot a mauvaise presse. Parce que, contrairement à ce que certain(e)s aimeraient vous faire croire, il ne s'agit pas pour les femmes de supplanter les hommes, ni de les diriger, mais tout simplement d'avoir les même droits qu'eux, et pas juste sur le papier, mais aussi en pratique. On pourrait aussi parler d'humanisme, je dirais.
Ca semble évident, et pourtant, même chez nous, ça ne l'est pas. Parce que même si en théorie, en France, les femmes ont les mêmes droits que les hommes, en pratique, c'est loin d'être le cas: quand on parle d'oppression des femmes, ça en fait rire certains voir certaines, mais c'est pourtant ce que beaucoup d'entre nous vivons quotidiennement, sans parfois même nous en rendre compte tellement c'est banalisé.
Par exemple, le fait de ne pas pouvoir mettre de mini-jupes sans se faire harceler voir agresser, le fait de ne pas pouvoir choisir de ne pas se raser sans se faire insulter, le fait de ne pas pouvoir choisir de ne pas se maquiller, avoir les cheveux courts et porter des pantalons sans se faire traiter de "lesbienne"(alors que la encore c'est du stéréotype) ou de mec ou de gros thon et j'en passe et des meilleures,  le fait de s'entendre dire tous les printemps que notre corps doit être "prêt pour l'été", dans les magazines, les pubs, à la télé..., le fait de voir des corps représentant "l'idéal" féminin, nus, placardés partout en permanence (bien plus que les hommes, les femmes font vendre, j'avais été choquée, plus jeune, de voir que même pour vendre un ordi, ils avaient mis une nana à demi nue à côté, cherchez le lien)... etc etc. Sans parler des hommes qui sont persuadés qu'on s'habille pour leur plaire, et que si une femme se fait violer, c'est qu'elle l'a bien cherché, la salope (et on entend ça bien plus souvent qu'on le croit, y compris de milieux dont on ne s'attendrait pas à l'entendre... dans ce qu'on surnomme l'inconscient collectif, il est courant de penser qu'une femme a sa part de responsabilités dans son viol. Et bien sûr, c'est faux. C'est comme penser qu'un enfant a chois de se faire violer: personne n'a jamais choisi de se faire violer, c'est la définition du viol, et ce n'est pas parce qu'une femme a porté des vêtements courts qu'elle est responsable de son viol, le seul responsable, c'est le violeur car RIEN ne justifie le viol, jamais.).

Ce qui me choque le plus, c'est qu'on apprend aux femmes comment s'habiller, se comporter, où aller, à sortir accompagnée...etc. pour ne pas se faire agresser, mais on n'apprend jamais aux hommes à se comporter correctement avec les femmes, à les considérer comme des être humains ayant autant de valeur qu'eux, à se contrôler tout simplement.

Après, je ne vais pas verser dans le "féminazisme", comme on utilise de plus en plus cette expression, qui vise, pour certaines prétendues féministes, à dire que tous les hommes sont mauvais. C'est faux, la preuve est qu'il y a des hommes qui sont féministes (et ils n'en sont pas moins virils, je vous jure que ça ne fait pas rétrécir les testicules de vouloir traiter tous les être humains comme des égaux). Dans la plupart des cas, en France, quand un homme se comporte mal vis-à-vis des femmes (et pas d'une femme, c'est différent), il le fait sans vraiment s'en rendre compte. Ce n'est pas qu'il est méchant, ce n'est pas forcément un macho, c'est juste qu'il a grandi dans une société où il y a beaucoup d'inégalités et qu'il n'a fait qu'en suivre les codes. Il ne s'est juste pas posé la question.
Ce qui me gène plus, c'est que le mot "féministe", soit devenu une insulte (je le vois dans la bouche de mon père ou de mon frère par exemple, alors que je ne suis pas issue d'une famille conservatrice ni moralisatrice...). Combien de fois je lis "je ne suis pas féministe, je hais les féministes mais les femmes..." suivi de propos féministes.
Soit parce que certaines prétendues féministes ont dépassé les bornes en se mêlant de ce qui ne les regarde pas (là je pense aux Femen et leur intervention avec le pape actuel par exemple... la religion est une affaire personnelle et si certains décident d'y adhérer, ça le regarde. D'autant que, pour être née de famille chrétienne catholique, je n'ai pas l'impression d'avoir été très soumise par cette religion - qui n'est plus la mienne. Même si c'est vrai qu'historiquement il y a eut de sévères abus sur la condition de la femme, c'était moins du au message du Christ qu'à ce que les hommes en avaient fait... après j'admets que sur bien des points je n'adhère pas au christianisme, comme l'idée de pêcher originel, le mariage avant toute relation sexuelle...etc., mais ce que je reproche à cette religion, c'est de ne pas s'être actualisée)
Soit parce que le féminisme est traditionnellement associé à la gauche, et que du coup tous les gens de droite se sentent obligés de le critiquer.
Alors que ce soit clair, pour moi, le féminisme, c'est comme l'écologie: c'est quelque chose qui ne devrait jamais avoir de couleur politique. Parce que ça n'a aucun rapport avec le socialisme, le communisme, l'anarchisme, le royalisme... tous ces courants politiques. C'est un principe humaniste.
De même que croire que toutes les espèces ont le droit de vivre (ok, j'admets que face aux moustiques, j'ai parfois de sérieux doutes), croire que tous les êtres humains doivent avoir les mêmes droits, ça n'est pas de la politique.
Je reprends un exemple évident, mais médecin sans frontière, par exemple, n'a pas de couleur politique. Venir en aide aux sans-abris, ça n'a pas de couleur politique. Alors défendre les droits de la femme, je ne vois pas pourquoi ça en aurait.
On n'a pas besoin d'être une femme de gauche pour avoir besoin d'avoir des droits. Il suffit d'être humain.

Le vrai problème, je crois sincèrement que c'est le nom qu'on a donné au féminisme. Certains hommes croient qu'ils devraient fonder le "malisme" pour se défendre des stéréotypes qui pèsent aussi sur eux. Alors que le féminisme se charge aussi de lutter contre ces stéréotypes. Par exemple, les hommes ont le droit de pleurer, porter du rose ne fait pas d'eux des mauviettes, être homme au foyer ne les dévirilise pas, ce n'est pas toujours aux hommes de tout assumer...etc..
Mais du fait de son nom, les gens pensent que le féminisme ne défend que les femmes, alors que le féminisme lutte contre toutes les discriminations de genre.
Bref, j'étais venue ici pousser un petit coup de gueule, c'est chose faite. Il y aurait encore bien des choses à dire sur le sujet, mais je pense que si ça vous intéresse, libre à vous de vous pencher sur la question.

Bonne soirée.


 




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