Bonsoir!

Ce soir, je passe faire une petite mise au point sur ma vie actuelle, et peut être, pour ceux que ça peut intéresser, donner quelques nouvelles...

Donc. Je n'ai toujours pas mes résultats de partiels, on les aura courant février, j'ignore précisément quand. Et à vrai dire je m'en fous un peu. Je sais qu'ils arriveront, et je sais que je vais sûrement devoir rattraper la cardio. Bon. C'est la vie. Mon père et ma famille me tannent pour savoir quand sont les résultats (j'ai failli bénir le copain de ma soeur qui, lorsqu'elle a demandé quand étaient les résultats, a dit "mais, ce n'est plus un concours"), et ça m'agace, mais je m'arrange pour être le moins possible à la maison.

Je bosse, et même beaucoup, mais principalement à la BU. Mais je pense que je vais rester à celle de médecine un bout de temps, vu qu'un type un peu relou (pas méchant ni vulgaire, mais relou) m'a collée à celle de science. Je vais laisser quelques semaines s'écouler pour qu'il m'oublie un peu, qu'il comprenne l'allusion "merci mais non merci". Il faut dire que je lui ai peut être répondu un peu trop cordialement. Ca m'apprendra à être aimable pour une fois.

Enfin. Le truc, c'est que je suis assez motivée ces derniers temps. Bon, le contrôle de vendredi me stresse, mais les matières du semestre m'intéressent (de la neurologie! et de l'orthopédie! et de l'infectiologie!...par contre le niveau a aussi augmenté...), j'ai perdu un peu de poids pendant les vacances (même si avec le stress de cette semaine j'ai repris un peu, on s'est motivée avec une amie pour se soutenir), et je me suis fait de nouveaux "amis" pendant la corposki. Je dirais que parmi ces "amis", certains ont du bon potentiel pour devenir de vrais amis, et d'autres ne seront que des connaissances de passage. Mais tant pis, ou tant mieux. Je prendrai ce qu'on me donne, ou ce que j'ai envie de prendre, et si ça ne marche pas, tant pis. Je fais quand même des efforts pour que ça marche, bien sûr. Je combats ma tendance naturelle au pessimisme, à la timidité. Je me "force" à sortir souvent. Pas en boîte, je sais que ça ne m'intéresse pas de toute manière, je ne peux pas jouer à être ce que je ne suis pas - du moins pas au-delà d'un certain stade. Mais au ciné, à la patinoire, en pré-soirée chez eux, au restau... De plus, je suis motivée parce que je sais que les choses vont changer, concrètement.
Mon chéri bosse pour passer la certification java, pour trouver du travail à Dijon et qu'on vive enfin ensemble. ^^
C'est vrai qu'au début j'étais terrorisée. J'ai même carrément paniqué. A l'idée de le faire tout quitter et que ça ne marche pas, en résumé (peur de le décevoir, peur qu'il me déçoive, peur qu'on se fasse du mal... il faut dire aussi que notre seule expérience à "long" terme ensemble s'était mal passée). Mais comme il dit "on ne saura pas tant qu'on n'a pas essayé". Après, bien sûr, il faut qu'il trouve sur Dijon, et ici, c'est pas franchement la Mecque du secteur tertiaire.
Du coup, je prends un peu plus de distance avec les remarques de mon père et de ma soeur, et l'absence de ma mère. Après tout, je vais avoir 21 ans, il est temps que j'apprenne à me foutre de ce qu'ils pensent. Quitte à passer pour une égoïste. J'ai beaucoup trop pensé aux autres jusqu'ici. On me fait clairement comprendre que mon comportement ne plait pas... pourtant, soit dit-en passant, je suis à des années lumière d'être la fêtarde que mon frère ou ma soeur étaient. Seulement, je suis le dernier enfant, dans une grande maison où il ne reste, sinon moi et les animaux, qu'un couple qui se déchire. Du coup, je suis leur dernière raison "tangible" d'être ensemble, et ils ont tous les deux peur de l'après. Peur de se séparer. Peur de devoir refaire sa vie. Peur d'avancer.
Sauf qu'à force, ils ont failli me couler au dernier semestre.

Entre les cours qui ne m'intéressaient souvent pas et qui tombaient par centaines de pages chaque semaine, ma famille en bordel, et ma solitude, je n'allais vraiment pas bien en décembre - au point que certains jours, je songeais à faire des bêtises... Et surtout, je ne voyais pas d'échappatoire à tout ça. Mais maintenant, je sais que je peux aussi choisir une autre voix que celle de la victime. Quitte parfois à être le bourreau. D'ailleurs, ces rêves où on me pourchassait pour me tuer, ça fait quelques mois qu'ils ont changé. Je me réveille en train de torturer par vengeance une femme qui m'avait tenue captive et torturée pendant des années - clairement, même si elle n'en avait pas le visage, pas besoin d'être psy pour comprendre que c'est ma mère et toute son histoire que je torturais. 
Ma mère...

Pour l'instant, vivant sous le même toit qu'elle, le seul moyen pour moi de ne pas souffrir, c'est de la détester. Pourtant, là aussi, depuis quelques semaines, je la déteste moins. Je la comprends peut être un peu mieux. Parce que je vais mieux, elle m'irrite moins. Le problème, c'est qu'elle et moi, on se ressemble beaucoup, et j'ai une partie de ses défauts. Sauf que je fais tout pour ne pas les exprimer, parce que j'ai beaucoup souffert de ses défauts, alors quand je la vois faire tout ce que je ne veux pas être, ça me mets hors de moi.

Je n'ai plus envie de pleurer à chaque fois qu'on parle de mère. Je commence à en faire mon deuil. Bien sûr ça fait mal, de faire le bilan et de voir qu'on a dû faire la plus grande partie de son enfance, puis de son adolescence, sans mère. Mais quand j'étais toute petite, elle était là. Faillible, mais là. C'est déjà ça.
Et je sais que malgré tout, elle m'aime. Je devrais me contenter de ça. Et tâcher, moi, d'être une bonne mère pour moi même, comme je m'y suis souvent efforcée. "Si tu ne prends pas soin de toi, personne ne le fera", m'a dit mon père il y a un an. Et c'est vrai. Puisque je suis la personne pour qui je compte, logiquement, le plus. Il faut donc que je prenne soin de moi, au lieu de toujours me négliger et m'oublier dans des passe-temps futiles et vains.
Je devrais m'investir à nouveau dans des activités concrètes. M'inscrire à des cours. De langue, de dessin, de chant, de danse. Comme avant.
Il y a un stade où il faut cesser d'attendre le prince charmant et se montrer combative. Même si mon prince est adorable et serviable, il n'est pas moi. Je l'avais compris, autrefois, dans la solitude dans laquelle me laissait le fantôme que je poursuivais: on est toujours seul, dans le fond. Et du coup, je me montrais combative -même si, en passant, j'étais malheureuse comme les pierres et que c'est ça qui m'a rendu pessimiste, c'était un peu marche ou crève:  puisque personne ne prendra soin de toi, il faut que tu fasses de ton mieux pour toi même (et pour gagner son intérêt). Et je n'attendais jamais rien de lui, parce que sinon, j'étais sans cesse déçue, et mon coeur se brisait sans arrêt. Comme ça, quand il lui arrivait de penser à moi, j'avais l'impression de vivre un rêve... mais tout ça était artificiel, fabriqué de toute pièce par mon imagination. Je réalise que je nous ai tous les deux fait vivre dans le rêve que j'avais tissé autours de nous, nous maintenant quelque part captifs de cette toile, et en même temps, me plaignant d'être toujours seule. Il faut dire qu'il n'était pas très vindicatif... mais moi, je voulais tout contrôler. Le temps passe et petit à petit, je comprends quelques éléments, par ci-par là de son attitude, si  incompréhensible pour moi à l'époque - même si j'avoue qu'aujourd'hui encore, des explications ne seraient vraiment pas de refus pour clore enfin le chapitre de ce que je me suis infligée à moi même.

Dans le fond, on est sa seule certitude, on est tout seul dans son univers, et les autres, on n'a jamais aucune certitude qu'ils soient réels. Je me pose souvent cette question avec mon chéri, quand je le sers dans mes bras: j'ai l'impression que je n'arrive pas à être avec lui comme je le voudrais. Parce que ça me semble absurde, alors qu'on est en couple, que je n'arrive pas à sortir de ma tête pour être vraiment avec lui. J'ai trop de pensées, constamment, à l'esprit. Je n'arrive pas à lâcher prise. Et même si je ne suis pas préoccupée, même si je suis détendue, il y a toujours le filtre de la pensée entre lui et moi: la mienne, et la sienne. Nous ne serons jamais vraiment ensemble.
Parce que - heureusement et en même temps malheureusement- nous sommes deux personnes distinctes et dans l'absolu, pouvant vivre séparément, comme nous le faisons 90% du temps.
D'un côté, c'est triste que deux personnes, aussi fort qu'elles puissent s'aimer, ne puissent jamais être vraiment ensemble.
D'un autre, c'est heureux, parce que nous sommes deux individus distincts, et c'est aussi ce qui fait la richesse de notre relation. Si nous avions les mêmes pensées, nous serions la même personne, alors il n'y aurait pas d'intérêt à ce que nous soyons ensemble. Ce serait comme être amoureux de soit même. Sans intérêt.

Petit à petit, ces choses que je trouvais triste, je les accepte comme faisant partie de moi même. "Tu n'es vraiment pas comme eux", m'a t-on dit l'autre soir, en pointant du doigt les autres étudiants en médecine, complètement déjantés.
Oui et non.Je peux me montrer beaucoup plus fantasque qu'eux... sauf que je n'ai besoin ni d'alcool ni de cannabis pour ça. Mais c'est vrai qu'aussi riant soit mon masque, en une seconde le sourire peut fondre, pour retrouver le noyau dur de ma personnalité: sérieuse et rêveuse à la fois.
Je ne suis pas dans leur délire, et ils ne peuvent pas être dans le mien. Je connais des gens assez proches de moi, mais ce ne sont pas ceux que je côtoie quotidiennement, et c'est pour ça qu'au semestre précédent, j'étais si triste et seule. 
Mais je crois maintenant que je peux faire mon trou en était moi même. J'ai l'impression que des gens peuvent m'accepter pour ce que je suis. Avec mon aspect sérieux, mon extérieur froid, qui cache en fait un intérieur chaud.
Je ne demande qu'à aimer les gens, mais souvent je me suis fait jetée tellement fort, qu'instinctivement, je les repousse. Et c'est ce que j'essaie de combattre maintenant. Ne pas regarder les gens avec agressivité,même inconsciemment. Essayer de comprendre leurs centres d'intérêt. Trouver leur "code" de langage, puisqu'on a vu en communication que tout langage est un code. Essayer de prendre des nouvelles...
Ca peut paraître très calculé et j'ai conscience que ça l'est, mais sans tout ça, je suis incapable de m'adapter. En fait, quand je suis en relation avec les autres, enfin ceux que je ne connais pas très bien, je suis toujours en panique intérieure. Des fois j'ai l'impression d'être une autiste qui apprend à communiquer. Pourtant clairement, je suis très habile à savoir ce que les autres ressentent, voir ce qu'ils pensent dans certains cas. Le problème, c'est que malgré ça, je ne sais pas comment interagir pour entrer dans leur "groupe". Tout le semestre dernier, je voyais l'une de mes meilleurs amies progresser de plus en plus, et si facilement, dans un groupe qui m'était inexorablement imperméable - et qui l'est toujours, malgré eux et malgré moi. En fait, si ça ne se fait pas naturellement, avec moi, ça ne se fait pas. Parce que j'ai beau essayer, je ne suis pas ce genre de personne qui sait sur quels fils tirer pour se faire des amis. Je ne suis pas manipulatrice. Enfin... oui et non. Je pense, pas plus que quelqu'un de normal, en fait.
Sauf que ce qui est anormal, c'est la manière dont le contact avec les autres me fait paniquer. Mais je dois combattre ça. Accepter que oui, les gens ne m'aiment pas forcément. Que, forcément, ils pensent du mal de moi à un moment ou un autre. Que c'est normal. Et que je n'y peux rien.
Eclaircir mes pensées. Balayer mes doutes infondés. Ne garder que l'essentiel, le sérieux, le fondé. Sans me mettre pour autant des oeillères. Me fermer aux pensées et doutes inutiles, me fermer aux attaques et piques des gens qui me veulent du mal, mais m'ouvrir à toute les bonnes choses qui peuvent m'arriver. Le problème, ce n'est pas le nombre de mes questions, car se poser des questions, je trouve ça intéressant, et ça fait progresser. Non, le problème, c'est qu'il ne faut pas que l'absence de réponse ou l'abondance de questions me paralysent et m'empêche de vivre simplement dans le même temps. Et accepter que je ne peux pas tout faire, je ne peux pas répondre à tout. Et si, au passage, je pouvais aussi me sourire dans le miroir, sincèrement, pour une fois. Mon sourire me manque. Mon approbation envers moi même me manque. Je me manque en fait. Il est temps que je fasse fondre cette armure.
En bref, lâcher prise.


En résumé: tout va bien.

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Un ami.


Bonne nuit.