Bonsoir

Ce soir je viens vider un peu mon sac, une fois de plus.
Aujourd'hui, j'avais exposé d'anatomie. J'ai passé ma soirée d'hier et une partie de ma matinée de ce matin à bosser cet exposé, mais mes schémas n'étaient pas prêts, et, en résumé, je me suis fait descendre par le prof d'anatomie sur le schéma que je faisais pour celle du groupe qui se chargeait du nerf vestibulo-cochléaire et des stries accoustiques... sachant que c'est moi qui lui ai donné les sites où elle a fait ses recherches, que je me suis donnée beaucoup de mal à tout préparer... je me suis fait descendre sur sa partie. Elle n'y est absolument pour rien, mais le prof avait l'air de m'avoir prise en grippe et, à coup de "mais vous n'avez rien compris", et "mais qu'est ce qu'elle fait" au moindre trait que j'esquisse, ou "mais c'est quoi ça?"... bref, petit la pression a monté jusqu'à exploser, et j'ai fini, malgré tous mes efforts pour me retenir, par fondre en larmes. Il faut dire que dès ma première phrase, lors de l'intro, il m'a descendue.
Enfin... une personne "normale" n'aurait pas réagi de la sorte. Mais je n'y peux rien. Quand j'ai raconté ça à mon père, sa réaction a été "il faut vraiment que tu apprennes à te contrôler".
Putain.
Comme si je le choisissais. Comme si j'avais envie de chialer devant toute les groupes d'anatomie et devenir la risée de la promo. Un futur médecin qui pleure quand on le critique trop... bah voyons! Classe! Très professionnel et tout!
Sans parler de l'image auprès des gens de mon groupe d'anatomie. Ca fait très fiable. Maintenant ils vont avoir peur à chaque fois que je vais passer à l'oral.
Sauf que le problème, c'est que je n'y peux rien, mais vraiment rien. Je me retiens de toute mes forces, mais le propre des larmes, c'est d'appartenir au système nerveux végétatif, et donc d'être, n'en déplaise à mon père, hors de tout contrôle volontaire.
Surtout que sentir que je vais pleurer en public me panique, alors je stress encore plus et à n'y pas manquer, je pleure, alors que je ne le souhaite absolument pas!
Mais ça, mon père ne peut pas comprendre, lui qui me disait quand j'étais petite "pleure! tu pisseras moins ce soir". Très intelligent...

Je me souviens que, lors de mon premier rendez-vous avec le psychiatre, j'ai pleuré comme une fontaine, avant même de commencer à parler. Et je m'en suis voulue, je me suis excusée, et il m'a dit en me tendant un mouchoir "ici c'est autorisé". Alors ça m'a fait beaucoup de bien. Pour une fois je n'avais pas honte de ce dont je ne peux pas m'empêcher.
Ca me semble absurde, cette tendance à pleurer comme une madeleine face à l'ennemi.
En fait, je pleure parce que face à l'agression par un professeur, je ne peux pas me défendre. Je ne peux pas l'envoyer chier, je ne peux rien dire qui soit aussitôt critiqué par lui (ce prof a lui même quelques soucis...) et tourné en dérision contre moi...
J'ai toujours des réactions disproportionnées. Sauf que d'habitude je sais que c'est disproportionné, alors je me tais. Mais quand l'émotion est trop forte, je ne peux pas empêcher mon corps de s'exprimer, malgré mes efforts.
Au début je me suis dit, en sortant d'ed, que j'avais réagi de la sorte parce qu'il m'avait critiqué alors que j'étais stressée et parce que j'avais une mauvaise estime de moi... et en suite je me suis dit que non, de tous temps, j'ai toujours réagi comme ça. J'ai toujours été disproportionnée. Je me suis demandé si c'était ce qu'on appelle de "l'hypersensibilité". Alors j'ai cherché le terme sur Internet et je suis tombée sur une page qui m'a dégoutée... la description collait assez, mais dit comme ça, ça me semblait presque une sorte d'avantage: en gros ils disaient que les gens hypersensibles avaient tendance à être avoir "réactivité, finesse psychomotricité, sens hyperdéveloppés"...ça me faisait penser à ces parents qui disent de leur enfant "ce n'est pas sa faute, il est hyperactif", ou "il est surdoué", ça me faisait penser à tous ces gens qui veulent tellement être différents qu'ils cherchent le moindre symptôme d'une maladie sur Internet... et je ne veux pas faire partie de ces gens pathétiques. Je ne sais pas si je suis hypersensible, je ne sais même pas si ça existe vraiment. Et même si globalement la description colle assez (notamment la tendance à avoir des comportements addictifs, le stress omniprésent, la fatigue, la propension à se poser toujours des tas de questions, le perfectionnisme qui chez moi tourne aux TOC...), j'ai l'impression que c'est facile de trouver ce genre de symptômes et de les coller au syndrome qui nous arrange. Surtout que les gens des commentaires semblaient tous presque fiers de dire "je suis hypersensible", alors que personnellement, mes réactions disproportionnées me pourrissent la vie et me font souvent me sentir comme une grosse merde.
On aurait dit que c'était le jeu de se trouver une particularité. Personnellement ça ne m'amuse pas. Je suis en panique intérieure dès que je parle à quelqu'un, et dès que j'ai l'impression qu'il m'envoie des "mauvais" signaux, qu'il ne m'apprécie pas. Au point que j'en finis parfois par redouter les activités sociales, les occasions de voir d'autres gens, de peur de cette sensation paranoïaque. Même si ces derniers temps ça allait mieux car je m'étais fait quelques amis à la fac, dans les premières semaines, je faisais des cauchemars dans lesquels certains me disaient qu'en fait ils me détestaient et ne voulaient plus me parler.
Je me dis que je devrais peut être retourner consulter, pour essayer de gérer au mieux ma tendance à perdre pieds si facilement. Mais peut être pas -non, sûrement pas- avec le même psy. Sauf que si je dis à mon père que je veux retourner consulter, il va encore mal le prendre, comme la première fois, et il va m'envoyer chez le même psychiatre, s'il consent même à me laisser dépenser de l'argent pour ça... Il le prendra très mal. Mon père déteste la moindre manifestation de faiblesse psychique chez moi, sûrement à cause de ma mère qui est elle même complètement folle.
Mais j'aurais besoin de l'aide de quelqu'un qui puisse m'aider, qui s'y connaisse pour faire la différence entre le normal et l'anormal.
Parce que tout le monde m'engueule dans ma famille dès que je pleure ou m'énerve - pourtant je vais m'isoler pour ne pas me disputer avec eux quand je sens que ça monte, mais c'est mal pris, et on dit aussitôt que je suis soupe au lait ou on me traite de parano.
Mais je jure que je n'y peux rien. Je n'arrive pas à prendre de la distance avec les choses et les gens. Je n'arrive pas à inhiber ces réactions purement involontaires.

Pour la petite histoire, après le cours, le prof est venu me voir en me disant qu'il ne fallait pas que je prenne les choses si mal, que c'était pour nous entraîner pour nous mettre face à une situation réelle... tout gentil... à des km du sadique qui adore nous rabaisser. Je pense qu'il a été mal à l'aise. Mais c'était de loin moi la plus mal à l'aise des deux. Surtout que, nous interrompre et nous critiquer, d'accord, je ne dis pas, c'est normal. Mais la manière dont il le fait, ça s'appelle de l'humiliation.

Bref, je n'aime pas ce post car on dirait une pauvre petite chose qui se plaint. Je ne veux pas être ça. Je ne veux pas être cette petite chose fragile. Le problème, c'est que je le suis complètement. Une petite chose pathétique qui s'inquiète dès qu'on fronce des sourcils en la regardant.

Je ne sais pas quoi penser de tout ça... toute seule, j'ai du mal à démêler le faux du vrai, ce qui est acquis et ce qui est inné, si c'est mon histoire ou si c'est la manière dont je suis faite qui entraîne ces "hyper-réactions".
En tout cas, une chose est sure, pour ceux qui m'engueulent là-dessus: je ne le choisis pas. Au contraire. Je le subis à chaque fois.

http://ephemeride.cowblog.fr/images/anat.jpgJuste histoire de montrer que si, je sais faire des beaux schémas d'anatomie...

Bonne soirée.