Ephemeride

Ma vie, mes Jours, mes Nuits

Mercredi 24 juin 2015 à 22:38

 La mélancolie nous lie 
Quand nos lèvres se délient 
Avant de rêver dans l'oubli, 
Ce sont tes lignes que je lis.

Vendredi 19 juin 2015 à 21:59

Bonsoir,

Doucement, mais sûrement, je commence à réaliser qu'il faut que je m'accepte. Physiquement parlant, je veux dire. Je ne dis pas encore "je commence à m'accepter", parce que j'en suis encore loin. Mais je commence à réaliser que le vrai problème, ce n'est pas mon léger surpoids, mais la perception que j'ai de moi même. Bien sûr, dans l'idéal, je devrais perdre quelques kilos pour être en meilleure santé, et surtout retrouver ma forme physique d'il y a trois ans. Mais je réalise que je pourrais bien peser encore 60 kilos, je me trouverai toujours trop grosse. Parce que je ne suis pas une fille mince, quoi que je fasse, et surtout, parce que j'ai été élevée, entre ma mère et les médias, dans l'idée que j'aurais toujours quelque chose en trop ou en moins que les autres.
Je serai, pour cette société, de toute manière, toujours trop grosse, toujours pas assez joyeuse, pas assez engageante.
Mais là, je parle des pubs, de la mode "commune", des émissions de télé, des magazines "féminins"... Heureusement, pas du monde "réel". Pas des gens que je côtoie tous les jours. Si effectivement, on ne peut pas nier que je suis "ronde", je n'en suis pas moins une personne pour eux. Une amie, une petite amie. Je n'ai pas moins de valeur parce que j'ai un IMC à 27 que lorsqu'il était sous 25. Il n'y a, à vrai dire, que dans mes yeux que j'en perds de la valeur. La seule vraie barrière entre eux et moi que mon poids installe, c'est celle de mon amour propre.
Après, objectivement, je me regarde dans le miroir, j'en parle avec mes amies proches, et je sais que malgré ces rondeurs, je suis une jolie fille. Je suis bien proportionnée (en fait, j'aurais fait un malheur il y a quelques siècles...), avec un peu de ventre, mais rien non plus de monstrueux. J'ai un joli visage, de beaux cheveux, de beaux yeux. Un peu d'acné, toujours, mais ça c'est le stress habituel de ma vie, et selon la gynéco, ma peau prendrait les oestrogènes pour des androgènes... du coup je vais enfin tester une autre pilule que celle que je prends depuis mes 15 ans, qui devrait encore diminuer l'acné, et du même coup, ne pas me donner faim en permanence comme ma pilule actuelle le fait (aussi raison pour laquelle j'ai beau faire, je n'arrive pas à perdre de poids quand je la prends... alors que quand je l'arrête je peux perdre assez vite cinq kilos).
Bref. Même si je perdais six kilos et redescendais à 66 kilos, je serai toujours "trop grosse", alors que c'est le poids que je vise actuellement. Et je commence à me dire que si je veux trouver, enfin, un poids stable, il faudrait que je commence à accepter que ces modèles maigres qu'on nous montre, ce n'est pas ma réalité. Je ne suis pas stupide, je sais pertinemment que je ne suis pas faite pour être comme elles, mais quelque part, une partie de moi espère toujours qu'en m'affamant j'y arriverai. C'est faux. J'y serais peut-être brièvement, mais je reprendrais encore plus de poids après. Et ça je l'ai constaté avec ce stupide régime Ducan que j'ai fait il y a trois ans. Je dois accepter que mon corps est rond. Pourtant, pour les femmes, je trouve ça plus jolis qu'un corps maigre: je ne dessine que des femmes un peu rondes, avec des hanches assez larges, et des seins assez généreux. 
Le problème, ce n'est pas ce que moi je trouve joli, c'est ce qu'on me demande d'être à longueur de temps depuis que je suis toute petite: une fille mince. Et comme j'ai toujours cherché l'approbation des autres, j'ai toujours couru après cet idéal résolument inaccessible en ce qui me concerne, détraquant toujours un peu plus ma santé et mon équilibre pondéral (yoyo bonjour).
Je commence à en avoir assez de ces imbéciles qui pensent que parce que eux sont minces, tout le monde est fait pour l'être. Bien sûr, l'obésité n'est pas souhaitable dans l'absolu, car elle menace la santé. Mais sans parler d'obésité, ce qui n'est pas mon cas, même les filles comme moi, avec un IMC longtemps normal mais "un peu rondes", puis un léger surpoids, se retrouvent fichées dans les grosses feignasses ou les sales morfales, sans même se donner la peine de réfléchir sur pourquoi elles sont rondes. Quant aux obèses, personne ne se dit "oh chouette, je vais devenir tellement gros que je vais menacer ma santé!". Généralement, quand on mange assez pour devenir si gros, c'est pathologique: soit la personne a une maladie métabolique ou génétique qui entraîne ce dérèglement, soit il y a un malaise psychique, voir psychiatrique, qui conduit à cette situation et entraîne souvent un cercle vicieux " je mange parce que je suis malheureux; parce que je suis malheureux je mange".
Si au lieu de culpabiliser les petites filles, voir même les petits garçons, sur leur petit bidon quand ils ne sont encore que de gros bébés, on leur apprenait à s'aimer comme ils sont, il y aurait, je pense, moins d'obèses, car moins de comportements compulsifs face à la nourriture, et de rapport conflictuel avec elle. Il suffit d'apprendre à ses enfants à être des "mangeurs heureux", comme disait mon prof de nutrition au premier semestre. C'est à dire, manger en faisant attention à sa santé, bien sûr, mais tout en sachant garder l'aspect hédonique de la nourriture, c'est à dire le fait qu'on ne mange jamais que parce que c'est notre carburant, mais aussi parce que ça nous procure du plaisir, et ce même chez les gens qui disent ne pas accorder d'importance à la nourriture - il y a toujours des choses qu'on aime plus manger que d'autres, et des aliments qui nous dégoutent ou qu'on apprécie peu...
Il faut savoir écouter sa faim, ne pas manger quand on n'a pas faim, mais savoir aussi manger quand il le faut - sinon, de toute manière, le corps se venge plus tard.

Bien sûr, je pourrais perdre très vite 6 kilos, même en deux semaines si je le voulais, je l'ai déjà fait plusieurs fois par le passé. Mais à chaque fois je les ai repris, plus des "avantages". Donc, cette technique ne fonctionne pas. Donc, j'ai décidé d'en changer. Je ne perdrai peut être pas beaucoup de pois avec celle-ci (bien que je crois dans le pouvoir du corps de se réguler tout seul au cours du temps, mais il faut savoir que pour ne pas reprendre de poids après, il ne faut pas perdre plus d'un kilo par mois...), en tout cas pas très vite, mais je serai plus heureuse en cessant de croire qu'un jour je ressemblerai à une baguette. D'autant que les filles comme moi qui y arrivent suivent des régimes impossibles, par exemple en ne se nourrissant que de jus bizarres genre papaye/aïl/épinard au petit déjeuner... et non, ce n'est pas mon genre . J'aime la nourriture, sans parler de se goinfrer, et je ne suis pas prète d'y renoncer.
Je dois arrêter de me voir comme une fille "normale" dans un corps de "grosse", avec cette impression que ce n'est pas moi à chaque fois que je me vois dans le miroir (en écrivant cette phrase, je suis choquée en réalisant que c'est exactement comme ça que je le vis depuis trois ans...), mais simplement accepter que la graisse qui est sous ma peau fait aussi partie de moi, et que si je veux m'aimer, je dois commencer par m'accepter telle que je suis. Ce n'est pas "moi" et "l'autre" dans un même corps (l'autre étant la graisse), mais moi, dans mon corps, qui est moi. Moi dans moi. C'est juste moi.
Et je ne suis que moi, je n'ai qu'un moi, alors je dois l'aimer pour ce qu'il est.

D'autant qu'il n'est pas si mal. En tout cas, mon chéri a l'air de m'aimer comme je suis. Et même si je me fais un peu moins siffler par des gros cons qu'autrefois, je ne pense pas vraiment que ce soit vraiment un critère de beauté... 

Ca ne signifie pas que je cesse de faire des efforts, au contraire, je me suis remise au sport depuis la fin de mes rattrapages (je suis allée courir, et je retourne à la salle de sport...), mais je ne jouerai plus à me torturer (de la même manière qu'au stretching je cesse de pousser à bout les positions, parce que même si je suis très souple, quand je pousse trop vite sur la corde en voulant faire mieux que tout le monde, j'abime mes ligaments trop souples et mes articulations qui ne cessent de craquer... je préfère travailler à mon rythme, et tant pis pour la blondasse qui se la pète à côté de moi et à qui je pourrais clouer le bec d'un coup de grand écart).
Bien sûr c'est douloureux, quand je vais courir, de voir qu'après trois kilomètres, je suis autant essoufflée qu'après huit autrefois, mais je me dis que c'est la récupération, et que ça fais du bien à mon corps, mes muscles, mon coeur, mon cerveau, et qu'il faut bien en passer par là si je veux récupérer ma santé.
Je songe à cesser de me peser, et juste à écouter mon corps. Parce que la balance à tendance à me servir de cerveau, et ça me fait complètement péter les plombs. Je crois que je vais faire ça, oui; juste me fier à mon ressenti, manger relativement équilibré, et regarder mes crans de ceinture.

Je devrai peut être me débarasser de mes vêtements de "60kg", parce que c'est toujours une tentation pour faire des régimes stupides. D'un autre côté, c'est difficile, parce que ce sont aussi des souvenirs. Et puis certaines de ces robes sont magnifiques, alors même si je ne dois jamais les reporter, je pense que je vais les garder.

Il faut que j'arrive à souffler toutes ces pensées dévalorisantes hors de moi comme un gros soupire, et puis ça ira mieux. A défaut de me délester de six kilos cet été, je pourrais me délester d'elles.

Après tout, j'ai bien accepté le fait que je n'aurai jamais une belle peau lisse - ne serait-ce que du fait de toutes mes cicatrices- et que je ne pourrais jamais étaler ce que je veux dessus comme certaines des mes amies, parce qu'en plus elle est hypersensible. Je finirai bien par accepter ces rondeurs.

Je me dis que je suis comme la lune, avec mes marques sur le visage, parfois ronde, parfois plus mince, croissante ou décroissante, toujours inconstante... mais toujours brillante, après tout. ;p

http://ephemeride.cowblog.fr/images/idees.jpgVoilà des femmes plus "comme moi". Dessin aux crayons de couleur, avril 2014.
 

Je crois que je suis sur la bonne voie. Je vais y arriver. J'y arrive.

Dimanche 7 juin 2015 à 20:49

Bonsoir,

Parfois, je me rends compte à quel point j'ai grandi, ces dernières années.
Le sucre m'écoeure plus vite, je me suis mise à aimer boire de la bière, j'ai redoublé ma première année de médecine, réussi mon concours de médecine, j'ai ouvert des cadavres humains (ou plutôt des morceaux), j'ai enfin réussi à dire ce que je pensais à ma soeur, je suis partie au bout du monde deux fois en deux ans, je vais normalement être tante dans quelques mois, mon grand-frère va se marier dans trois semaines.
J'ai appris à me faire des amis, à parler avec des gens qui ne m'intéressent pas et malgré tout à passer un bon moment.
Je me suis véritablement endurcie.
Pas dans le sens "dure à cuire", plutôt dans le sens "je relativise sans même m'en rendre compte".
Bien sûr j'ai encore mes moments de faiblesse.  Et ces derniers mois/années, j'ai eut des moments difficiles, entre la PACES, mon affrontement avec moi même et le psy, et mes parents qui ne parlent que de divorce. D'ailleurs actuellement j'hésite à partir de la maison en septembre pour aller faire une colocation avec des amies, parce qu'aux vues actuelles des choses, si je pars de la maison, il y a de gros risques pour que je ne puisse pas y revenir: mes parents divorceraient sans doute et vendraient la maison. Donc, tout départ étant définitif, je pèse très fortement le pour et le contre.
Mais j'ai réussi mon année pas trop mal - rattrapages de cardiologie mercredi, mais ça fait un mois que je la bosse, je commence à me dire que je suis prête - et surtout, je me sens moins seule depuis que j'ai réussi à me faire de nouveau un groupe d'amis stable à la fac. J'ai besoin de me sentir entourée. Même si je sais que je peux compter sur mes amies de collège et mes amis de lycée, avec nos orientations différentes on ne se voit pas très souvent, et j'ai besoin d'avoir des alliés dans ma vie de tous les jours, des gens avec qui partager des fous rires et des coups de gueule, avec qui parler des cours ou des profs. 
Ca c'est grâce à la corposki, je ne sais pas ce que j'aurais fait si je n'y étais pas allée, ou si j'étais tombée dans une autre chambre que la leur.
Les uns ne remplacent pas les autres, ce sont différents plans de ma vie. Et c'est vrai aussi que j'ai tendance à fonctionner à l'ancienneté, plus je connais quelqu'un depuis longtemps, plus j'y tiens.

J'ai trouvé une orientation potentielle, qui m'intéresse bien, dans la médecine.
Je continue à gribouiller entre deux leçons, pour le plaisir, même si je regrette de ne pas avoir le temps de prendre de cours de dessin. 
Bref.
Certains événements récents m'ont encore amenée à ré-examiner ma vie actuelle. Et je me suis rendue compte à quel point j'avais progressé, depuis cinq ans. Bien sûr, les progrès continuent et les efforts aussi, mais je me suis rendue compte que malgré toute l'adversité que je peux rencontrer, je suis une fille qui a à priori tout pour être heureuse, et que je ne m'en rendais même pas compte, parce que c'est devenu une espèce d'habitude d'angoisser à propos de mes études.

Et pourtant, les soirs d'été comme ceux-ci, les cheveux encore mouillés et qui sentent le monoï et le chlore de la piscine, je me sens vraiment heureuse.

Mon bonheur est toujours teinté de mélancolie, je ne sais pas bien pourquoi, mais j'ai appris à apprécié cette sensation, comme un soupçon d'amertume auquel on a pris gout.
Des fois je rêve que toute ma vie puisse être comme cette belle soirée, calme, sereine, ensoleillée, avec les feuilles des arbres qui se balancent doucement dans la brise tiède, et un bon morceau des Red Hot Chili Peppers dans les oreilles. Je rêve que je pourrais être toujours aussi en accord avec moi même. Pourquoi pas?
Simplement me laisser vivre librement.

Bonne soirée.






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