Bonsoir
J'ai cette chanson qui me trotte dans la tête depuis ce matin, et elle reflète bien ma journée.
Et puis je n'ai pas le courage d'en reparler, j'en ai juste marre.
Donc voici la bête, dommage, impossible de trouver la chanson sur Youtube sans un montage kitch en prime. Bonne soirée.
Ephemeride
Ma vie, mes Jours, mes Nuits
Mardi 21 août 2012 à 19:39
Dimanche 12 août 2012 à 18:48
Bonjour
Mon casque est cassé, mais j'aime toujours autant cette musique d'Omnia, malgré la qualité douteuse des hauts-parleurs de mon ordinateur.
En ce moment, je suis en train de lire Une Fibre meurtrière de Kylie Fitzpatrick, qui parle du destin d'une jeune fille de petite bourgeoisie irlandaise au dix-neuvième siècle, dont la famille fait faillite et qui se retrouve mêlée à des affaires de meurtre. Je ne m'attendais pas à ce que je lis en l'achetant, mais pas du tout. Mais j'aime beaucoup. Et ça me rappelle malgré moi mon voyage en Irlande. Je ne sais pas pourquoi mais aujourd'hui j'ai envie de dessiner sans savoir quoi dessiner, j'ai l'impression que le monde autours de moi est trop fade pour m'inspirer. J'ai envie de vert émeraude, profond, et d'un bleu froid et pur comme le ciel. J'ai envie de quelque chose qui me m'inspire... Je sens cette inspiration, à portée de main, mais inaccessible. Comme si elle avait été un courant d'air, je la sens contre moi mais impossible de la saisir. Il y a quelque chose d'inhabituel et toujours d'un peu magique, cette chose qui avant me donnait les idées, mais là, elle est comme cachée dans mon dos, comme recouverte et je n'arrive pas à gratter ce qui la recouvre pour la retrouver. Il y a quelque chose à faire mais je ne sais pas quoi.
Ange se comporte avec moi comme lorsque j'étais en sixième ou cinquième aujourd'hui, alors que cela fait plus de deux ou trois ans que nous étions loin l'une de l'autre. Oui, je parle de mon chat. Elle me laisse de nouveau lui gratter le ventre, et vient vers moi quand je tends la main, elle répond quand je l'appelle. C'est curieux, il y a quelque chose dans l'air de retrouvé. Peut être qu'à force de vacances et de ne penser plus uniquement à ce que je dois faire mais de vivre pour moi, je me retrouve moi même? Et de ce fait, elle me reconnait?
Je suis sans doute curieuse mais en tant que païenne, je considère mes animaux comme sensibles et dotés de sentiments, d'émotions, aussi intenses que celles d'humains - même si leur esprit est sans doute moins tordu que le nôtre - et donc capable de déceler aussi bien que nous ce genre de choses. Non, je de grosses bêtises: bien mieux que nous. Ils ne sont pas parasités par toutes ces pensées superflues et accessoires qui nous empêchent de regarder les choses telles qu'elles sont. Ils sont ici et maintenant et vivent uniquement dans le présent. Et après plus d'un mois de vacances, je m'approche un peu de cet état, même si j'envisage la rentrée avec appréhension, je n'ai pas encore retrouvé le travail. Je vis pour mon bouquin, ma tasse de thé, mon carré de chocolat, mon envie de crayonner sans savoir quoi... bref, ce qui est maintenant, ce que je veux faire dans l'immédiat.
Mais il y a quelque chose d'inconfortable dans cette sensation qui m'inspire sans savoir ce qu'elle m'inspire. C'est une sensation d'automne, je la reconnais bien, celle que je ressens d'habitude à la rentrée, en septembre et jusqu'à après Samhain. Il y a quelque chose à faire, je ne sais pas quoi.
J'ai envie, mais je ne sais pas bien de quoi.
C'est curieux. C'est comme une démangeaison, on a beau gratter et s'irriter la peau pour y remédier, elle revient. J'ai beau m'occuper, cette impression reste, et je sais que la seule chose qui la comblait lorsqu'elle m'arrivait était de dessiner ou d'écrire.
Mais quoi?
Et c'est pour ça que j'ai envie d'aller en Irlande à nouveau: parce que j'y avait trouvé plein d'images qui me plaisaient, surtout lors des visites.
J'ai envie de revoir la mer aussi. La voir m'emplit de quelque chose. Me plonger dedans, et me laisser flotter, porter par ses vagues. Puis m'enfoncer dans ses profondeurs pour y observer ses habitants. M'y affranchir de la gravité. Dans tous les sens du terme. Nager est une manière de voler, et je suis bien plus légère dans l'eau.
Je regrette que mon casque soit cassé, je voudrais mettre cette musique directement dans mes oreilles. Ecouter de la musique avec ce casque c'est pour moi comme me faire une perfusion de musique, et comme il s'agit de ma musique, reflétant mon univers, une perfusion de rêve et de liberté.
J'ai envie d'aller me promener en forêt, mais il est un peu tard pour ça. Je ne sais pas encore si j'irai courir avec mon père ce soir. D'un côté je suis fatiguée, d'un autre j'ai très envie de sortir prendre l'air. Peut être devrais-je juste aller me percher dans l'arbre, au verger?
Je n'ai toujours pas trouvé le courage d'envoyer une lettre à la Clairière pour leur demander, j'ai peur. J'ai peur de l'inconnu, et j'ai peur que l'un de mes espoirs se défasse. Tant que je ne leur ai pas parlé, je ne suis pas déçue et je m'imagine toujours qu'une voix me tend les bras, inexplorée, sur le chemin que je me trace, pour ne pas être seule dans ce que je crois. Mais si je trouve la déception sur cette voix... Il faudra m'en chercher une autre, et retourner à cette solitude dans mes pensées, peut être pour toujours.
J'ai envie d'histoires... J'ai l'impression qu'il y a en moi un voile qui se déchire doucement vers un autre monde.
Mais je ne sais pas quel genre de monde. Je ne sais pas si je veux la savoir. Tant qu'on ne sait pas, tout est possible.
J'ai l'impression d'être en bas d'une nouvelle montagne, avec un grand chemin tout tracé devant moi... Mais la façon dont je le gravirai en changera la destination. Et je sais que plus loin se trouvent de nouveaux carrefours avec des décisions à prendre.
Ce que je veux, c'est suivre une voix qui me corresponde, sur laquelle je me sente à ma place. Et j'ai l'impression que cela passe par une lettre à la clairière, même si c'est pour être déçue. Mais... avec l'année qui m'attend, ça me semble difficile de tout mener de front. Je sais que je ferai mieux d'attendre encore. D'attendre d'avoir cette année en poche, mon concours réussi et la voix dégagée.
J'ai juste l'impression en faisant ça de me remettre à demain. Je ne veux pas repousser toujours les projets susceptibles de me faire sentir en accord avec moi même pour un jour me rendre compte qu'il est trop tard. Je crois que cette impression vient en partie de là, cette inspiration qui n'en est pas une: je sais quoi faire mais je n'ose pas le faire, il y a une porte à prendre que je ne prends pas.
Parce que je veux être sûre de pouvoir l'ouvrir en grand le moment venu.
Je suis dans un jardin, il y a cette porte qui apparait régulièrement, mais à chaque fois on me demande de faire des choses avant de pouvoir explorer ce qu'il se cache derrière. La seule chose dont j'ai peur, c'est que lorsque je pourrai enfin l'ouvrir, je ne me sois trop perdue pour me souvenir que cette porte est ma seule vraie destination.
Mon casque est cassé, mais j'aime toujours autant cette musique d'Omnia, malgré la qualité douteuse des hauts-parleurs de mon ordinateur.
En ce moment, je suis en train de lire Une Fibre meurtrière de Kylie Fitzpatrick, qui parle du destin d'une jeune fille de petite bourgeoisie irlandaise au dix-neuvième siècle, dont la famille fait faillite et qui se retrouve mêlée à des affaires de meurtre. Je ne m'attendais pas à ce que je lis en l'achetant, mais pas du tout. Mais j'aime beaucoup. Et ça me rappelle malgré moi mon voyage en Irlande. Je ne sais pas pourquoi mais aujourd'hui j'ai envie de dessiner sans savoir quoi dessiner, j'ai l'impression que le monde autours de moi est trop fade pour m'inspirer. J'ai envie de vert émeraude, profond, et d'un bleu froid et pur comme le ciel. J'ai envie de quelque chose qui me m'inspire... Je sens cette inspiration, à portée de main, mais inaccessible. Comme si elle avait été un courant d'air, je la sens contre moi mais impossible de la saisir. Il y a quelque chose d'inhabituel et toujours d'un peu magique, cette chose qui avant me donnait les idées, mais là, elle est comme cachée dans mon dos, comme recouverte et je n'arrive pas à gratter ce qui la recouvre pour la retrouver. Il y a quelque chose à faire mais je ne sais pas quoi.
Ange se comporte avec moi comme lorsque j'étais en sixième ou cinquième aujourd'hui, alors que cela fait plus de deux ou trois ans que nous étions loin l'une de l'autre. Oui, je parle de mon chat. Elle me laisse de nouveau lui gratter le ventre, et vient vers moi quand je tends la main, elle répond quand je l'appelle. C'est curieux, il y a quelque chose dans l'air de retrouvé. Peut être qu'à force de vacances et de ne penser plus uniquement à ce que je dois faire mais de vivre pour moi, je me retrouve moi même? Et de ce fait, elle me reconnait?
Je suis sans doute curieuse mais en tant que païenne, je considère mes animaux comme sensibles et dotés de sentiments, d'émotions, aussi intenses que celles d'humains - même si leur esprit est sans doute moins tordu que le nôtre - et donc capable de déceler aussi bien que nous ce genre de choses. Non, je de grosses bêtises: bien mieux que nous. Ils ne sont pas parasités par toutes ces pensées superflues et accessoires qui nous empêchent de regarder les choses telles qu'elles sont. Ils sont ici et maintenant et vivent uniquement dans le présent. Et après plus d'un mois de vacances, je m'approche un peu de cet état, même si j'envisage la rentrée avec appréhension, je n'ai pas encore retrouvé le travail. Je vis pour mon bouquin, ma tasse de thé, mon carré de chocolat, mon envie de crayonner sans savoir quoi... bref, ce qui est maintenant, ce que je veux faire dans l'immédiat.
Mais il y a quelque chose d'inconfortable dans cette sensation qui m'inspire sans savoir ce qu'elle m'inspire. C'est une sensation d'automne, je la reconnais bien, celle que je ressens d'habitude à la rentrée, en septembre et jusqu'à après Samhain. Il y a quelque chose à faire, je ne sais pas quoi.
J'ai envie, mais je ne sais pas bien de quoi.
C'est curieux. C'est comme une démangeaison, on a beau gratter et s'irriter la peau pour y remédier, elle revient. J'ai beau m'occuper, cette impression reste, et je sais que la seule chose qui la comblait lorsqu'elle m'arrivait était de dessiner ou d'écrire.
Mais quoi?
Et c'est pour ça que j'ai envie d'aller en Irlande à nouveau: parce que j'y avait trouvé plein d'images qui me plaisaient, surtout lors des visites.
J'ai envie de revoir la mer aussi. La voir m'emplit de quelque chose. Me plonger dedans, et me laisser flotter, porter par ses vagues. Puis m'enfoncer dans ses profondeurs pour y observer ses habitants. M'y affranchir de la gravité. Dans tous les sens du terme. Nager est une manière de voler, et je suis bien plus légère dans l'eau.
Je regrette que mon casque soit cassé, je voudrais mettre cette musique directement dans mes oreilles. Ecouter de la musique avec ce casque c'est pour moi comme me faire une perfusion de musique, et comme il s'agit de ma musique, reflétant mon univers, une perfusion de rêve et de liberté.
J'ai envie d'aller me promener en forêt, mais il est un peu tard pour ça. Je ne sais pas encore si j'irai courir avec mon père ce soir. D'un côté je suis fatiguée, d'un autre j'ai très envie de sortir prendre l'air. Peut être devrais-je juste aller me percher dans l'arbre, au verger?
Je n'ai toujours pas trouvé le courage d'envoyer une lettre à la Clairière pour leur demander, j'ai peur. J'ai peur de l'inconnu, et j'ai peur que l'un de mes espoirs se défasse. Tant que je ne leur ai pas parlé, je ne suis pas déçue et je m'imagine toujours qu'une voix me tend les bras, inexplorée, sur le chemin que je me trace, pour ne pas être seule dans ce que je crois. Mais si je trouve la déception sur cette voix... Il faudra m'en chercher une autre, et retourner à cette solitude dans mes pensées, peut être pour toujours.
J'ai envie d'histoires... J'ai l'impression qu'il y a en moi un voile qui se déchire doucement vers un autre monde.
Mais je ne sais pas quel genre de monde. Je ne sais pas si je veux la savoir. Tant qu'on ne sait pas, tout est possible.
J'ai l'impression d'être en bas d'une nouvelle montagne, avec un grand chemin tout tracé devant moi... Mais la façon dont je le gravirai en changera la destination. Et je sais que plus loin se trouvent de nouveaux carrefours avec des décisions à prendre.
Ce que je veux, c'est suivre une voix qui me corresponde, sur laquelle je me sente à ma place. Et j'ai l'impression que cela passe par une lettre à la clairière, même si c'est pour être déçue. Mais... avec l'année qui m'attend, ça me semble difficile de tout mener de front. Je sais que je ferai mieux d'attendre encore. D'attendre d'avoir cette année en poche, mon concours réussi et la voix dégagée.
J'ai juste l'impression en faisant ça de me remettre à demain. Je ne veux pas repousser toujours les projets susceptibles de me faire sentir en accord avec moi même pour un jour me rendre compte qu'il est trop tard. Je crois que cette impression vient en partie de là, cette inspiration qui n'en est pas une: je sais quoi faire mais je n'ose pas le faire, il y a une porte à prendre que je ne prends pas.
Parce que je veux être sûre de pouvoir l'ouvrir en grand le moment venu.
Je suis dans un jardin, il y a cette porte qui apparait régulièrement, mais à chaque fois on me demande de faire des choses avant de pouvoir explorer ce qu'il se cache derrière. La seule chose dont j'ai peur, c'est que lorsque je pourrai enfin l'ouvrir, je ne me sois trop perdue pour me souvenir que cette porte est ma seule vraie destination.
Jardin d'un musée de Lausanne, Suisse, 2011.
Mercredi 8 août 2012 à 0:36
Est-ce que je suis folle?
Est-ce que je grossis toute cette histoire?
Est-ce que c'est normal de voir des films pornographiques à cinq ans? Puis de se sentir coupable toute son enfance durant parce qu'on se masturbe alors que les autres enfants ne savent même pas ce que c'est que le sexe (ou en tout cas, pas de cette manière), et plus coupable encore lorsqu'on apprend qu'à l'âge où on se masturbe, sa propre mère se faisait violer par son père à elle?
Je me pose ces questions depuis longtemps mais elles ressurgissent en ce moment, alors même que je suis devenue majeure et que ma sexualité a été acceptée par mes parents qui la refusaient pendant si longtemps, non pas violemment comme pour ma soeur mais par le dénis, en m'interdisant même d'être moi même, ce qui n'est peut être pas pire que de se faire traiter de pute par sa mère, mais pas mieux non plus dans la mesure où c'est vivre dans un mensonge consenti tous les jours et savoir qu'on n'est pas acceptée telle qu'on est mais que l'on nous demande de jouer un rôle pour être aimée.
Puis-je en vouloir à ma soeur? Puis-je croire ma soeur lorsqu'elle m'assure qu'elle ne savait pas plus que moi, lorsqu'elle me les a fait visionner à plusieurs reprises? A onze ans, n'est-on pas capable de comprendre ça? Ou peut être est-ce juste que moi, à onze ans, je pouvais le comprendre parce que je connaissais déjà ça depuis au moins six ans? Elle dit que ça n'a pas eut d'impact sur moi... Elle n'en sait rien, elle dit que je parle sans savoir mais elle n'est pas mieux. Elle ne sait pas quel sentiment de honte j'avais à chaque fois que je me masturbais, à certaines périodes, tous les jours. Elle ne sait pas comme je me sentais mal quand en suite elle même entrait dans ma chambre pour me dire que c'était mal, parce qu'elle savait ce que je faisais (demandant parfois à sentir mes mains pour vérifier). Mais est-ce qu'elle disait que c'était mal par sadisme, ou bien juste parce que par la suite elle savait que c'était mal, et peut être même savait qu'elle y avait contribué?
Je me souviens de la première fois où je me suis masturbée... Devant un de ces films. La première fois que j'ai vu un de ces films même. Assise sur un coussin par terre, à l'étage, là où il y a maintenant l'ancienne télé du bas, il y avait un autre téléviseur, plus petit. Les parents étaient bien sûr absents. Je me souviens que c'était en italien. Je me souviens d'une femme qui ouvrait la porte à des hommes, qui rentraient dans son appartement... Sans me douter à l'époque bien sûr que tout ça n'avait aucun rapport avec la réalité. Les femmes n'étaient pas vraiment malmenées, c'était plutôt les hommes, l'un d'eux attaché à une table se faisait uriner dessus. Ca on ne peut pas dire que c'était un film d'une violence inouie envers les femmes à mon souvenir, même si elles faisaient preuve d'un enthousiaste sans commune mesure avec le réel. Je me souviens que je me suis servie du bord du coussin. Je me souviens que j'étais de dos à ma soeur, assise sur le canapé ou le fauteuil, à l'époque des fauteuils marrons, sans doute ceux de la maison de Longvic... elle était derrière moi en tout cas, assez loin pour que je ne la vois pas mais assez proche pour voir ce que je faisais. Est-ce que je peux la croire quand elle dit qu'elle est autant victime que moi dans l'histoire?
Cest ce qui me rend le plus malade dans l'histoire, ne pas savoir si je peux la croire ou non. En fait je ne connais pas ma soeur. Bien sûr qu'elle est victime, il n'est pas normal qu'à six ou sept ans une petite fille entende sa mère lui dire ce qu'elle a vécu enfant à cause de son père, et découvre le sexe sous cet angle malsain. Ma mère est folle, était pire alors et mon père était absent parce que c'est une autruche incapable de faire face aux problèmes (et je tiens de lui...). Mais ça n'excuse pas tout. Ca n'est pas parce qu'on souffre qu'on doit faire souffrir les autres. Et contrairement à elle peut être, le fait qu'on ne doive pas le dire aux parents ne m'a pas juste paru comme une vase cassé mais comme un secret obscène sur ma propre perversité. Il fallait cacher le fait que j'étais au courant parce que ce serait montrer aux parents que je suis un monstre, en fin de compte. Et c'est pour ça que pour en reparler à ma mère, il m'a fallu tant de temps. Et je me suis rappelé mon premier petit ami, à treize ans, quand ma mère craignait que je couche à cet âge et me disais qu'elle se méfiait non pas de lui mais de moi, parce qu'elle me sentait "coquine" et qu'elle me disait qu'elle pensait que les films pornographiques avaient exacerbé cet aspect de moi. Ca m'était sorti de l'esprit mais ça m'est revenu alors que je lui en reparlait, parce que c'était survenu durant une conversation... Conversation à lutter contre les larmes puis à les laisser couler parce que je sais que plus je me retiens et plus ça coule. Conversation à détourner la tête parce que j'étais incapable de parler de ça en regardant ma mère, parce que je me sentait monstrueuse, parce que j'avais honte de n'avoir été qu'une petite pute.
Bien sûr que ça a eut des répercussions sur moi, et bien sûr que ça a modifié ma vie! Qu'est ce qu'elle croit? A onze ans on entre dans l'adolescence, on découvre tout ça, même si c'était un peu trop tôt pour elle, ça l'était de deux, trois ans. Pour moi ça l'était de huit, neuf ans. Cinq ans est selon ma mère l'âge auquel on découvre sa sexualité, d'accord. Mais sur soit, en cherchant soit même à se découvrir. Pas en voyant des gens faire ce qu'on en fera soit même sûrement jamais, puis en y repensant en se masturbant. Ce que Charlotte ne peut pas comprendre c'est que oui, en un sens, elle m'a violée. Elle m'a imposé des choses qu'une enfant de cinq ans ne doit pas soupçonner, une telle violence, un tel immondice. Même si elle même ne savait pas ce qu'elle faisait, elle est mon agresseur, et même si je sais qu'elle n'est pas entièrement responsable et qu'on ne peut pas rendre une gamine de onze ans responsable de ses actes, il n'en reste pas moins que les faits sont là et que, allié à cette fâcheuse tendance qu'elle avait à me taper dessus quand elle se faisait disputer par papa et maman, et à m'effrayer avant de dormir le soir, elle est responsable d'une partie de la folle que je suis devenue: le peur du noir et des monstres sous le lit ne vient pas de nulle part, et avec eux, les tocs tous les soirs, qui me donnent honte lorsque mes amies ou celui que j'aime sont là parce que je ne peux pas dormir dans ma chambre sans au moins regarder sous le lit, sans ajuster mes rideaux. Parce qu'il y avait un petit monstre qui montait dans mon lit mais pas dans le sien, qui était trop en hauteur, et des tas d'autres horreurs qui rodaient. Bien sûr elle même a été déformée par mon frère et ma mère, est mon frère a été déformé par ma mère, et ma mère déforme par mon grand-père... Qui est encore en vie. Je devrais peut-être aller lui parler? Ou juste le tuer? Est-ce que ça me soulagerait de le voir gire avec une flèche dans le crâne, ou mieux, de l'émasculer vif avant de les lui faire manger pour qu'il s'étouffe avec puis de l'égorger lentement en le regardant droit dans les yeux? Non... S'il avait été encore jeune et capable de recommencer je n'aurais pas hésité, mais maintenant qu'il est vieux et sans défense, on peut se dire qu'il regrette peut-être ses actes, qu'il ne peut plus changer le passé... Pourtant, je me sens tellement mal de ne rien pouvoir faire! J'aimerais régler le problème facilement, en éliminant le fautif, mais la vérité c'est qu'il n'y en a pas, plus. C'est une responsabilité collective et comme je suis la dernière, j'ai le beau rôle parce que je n'ai pu nuire à personne, mais du coup je me sens aussi victime parce que moi, je n'ai rien fait, vraiment rien fait, et je m'en suis prise plein la gueule. D'un autre côté je sais que je ne peux en vouloir ni à ma soeur, ni à mon frère, ni à ma mère. Mais je me dis aussi que ce n'est pas parce qu'on a souffert qu'on doit faire souffrir les autres... Si ma mère c'était comportée en mère elle n'aurait jamais fait comme el l'a fait, elle a fait preuve d'une grande dose d'égoïsme en nous élevant et en nous soumettant à son passé, en faisant de nous des victimes de son passé comme si on lui devait quelque chose, en se plaçant en victime entre nos mains d'enfants pour être consolée et inversant ainsi les rôles pour ma soeur puis pour moi. Et en faisant de mon frère son bourreau alors qu'il était le fils de son maris et non de son père, le maltraitant.
J'en veux aussi à mon père parce qu'il n'a rien fait. Il aurait pu divorcer, mettre à l'abris mon frère puis ma soeur (même si je ne serais jamais née, ce qui je l'avoue m'ennuie un peu). Il aurait pu épauler ma mère au lieu de l'enfoncer en lui disant qu'elle devait tout oublier ou prendre des cachets. Il aurait pu l'accepter telle qu'elle est, la voir dans son entier pour voir ce qu'elle faisait à ses enfants, et ainsi nous protéger et la protéger d'elle même - puisque se faisant elle s'est fait du mal, car elle aime ses enfants et souffre de nous voir souffrir et de s'en savoir responsable, raison pour laquelle elle cherche toujours à minimiser notre douleur en la comparant à la sienne propre, parce qu'elle sait qu'elle est responsable et qu'en se plaçant en victime elle se dispense de tout remord.
Oui, je veux voir un psy, non, je ne me sens pas "normale, épanouie". Je lutte pour garder mon équilibre tous les jours, tant dans ma nourriture que dans mon comportement, et j'échoue tous les jours, surtout au moment de dormir quand les monstres me rattrapent, me forcent à rallumer la lumière, à vérifier sous mon lit, à répéter ces incesssantes prières dans ma tête, pour moi, pour ma famille, pour mes amis et pour celui que j'aime, pour que la Déesse nous protège, des aléas de la vie, des autres et de nous mêmes, pour qu'elle me donne la force et le courage d'encaisser, parce que je me sens à bout, et je me sens fragile, et je voudrais être forte, mais je n'y arrive pas.
Des fois je me dis que je ferais mieux de tout cesser et de m'isoler, parce que je ne comprends rien aux autres, parce que je ne sais pas si je peux leur faire confiance, et que ceux en qui j'ai confiance, j'ai peur de leur faire mal. Des fois je me dis que je devrais rompre avec Cédric parce que j'ai peur de le rendre malheureux parce que je suis complètement tarée. Mais je m'en veux parce que je n'en suis pas capable, parce que j'ai besoin de lui, parce qu'il est dans le fond la seule chose qui me donne envie d'avancer, parce que mon moteur dans mes études, dans ma vie, ça n'est pas de me dire qu'un jour je serais médecin et je gagnerais bien ma vie ou que je sauverais des vies... Je m'en tape totalement!
Ce qui me pousse à avancer, c'est l'espoir d'un jour vivre avec lui, quitter cette maison de fous, le plus vite possible, voler de mes propres ailes sans avoir de compte à rendre à ces gens à qui j'en veux toujours mais que je ne peux pas m'empêcher d'aimer en même temps, puis fonder un foyer stable et rassurant où je pourrais donner à mes propres enfants toute la "normalité" dans les rapports familiaux dont mon frère, ma soeur et moi mêmes n'avons pas bénéficié, y compris entre nous.
Je me souviendrais toujours de la fois où maman me tapant dessus, Charlotte n'a pas levé le petit doigt pour me protéger, mais a juste conclu, presque calmement à la fin, par "je voulais juste que tu lui mettes une claque" à ma mère lui demandant si c'était bien ce qu'elle voulait parce qu'elle hurlait que je devais être punie par mes parents pour avoir par accident casser son mp3 qu'elle m'avait prêté. Mais punie de quoi? Je ne l'avais pas intentionnellement cassé, je ne savais même pas comment il s'était cassé puisque je ne l'avais pas fait tomber durant le voyage. Punie de quoi? La punition n'est-elle pas une manière d'enseigner aux enfants à ne pas recommencer? Ce n'est pas un moyen de se défouler ni de "faire justice", c'est un apprentissage et je en vois pas ce que ça m'a enseigné, sinon que ma mère était définitivement folle, que ma soeur se contrefoutait de ce qu'il m'arrivait et désirait que je m'en prenne plein la gueule, et que comme d'habitude, mon père n'était pas là. J'ai aussi appris que chialer toute la nuit n'apporte rien que les yeux rougis et gonflés au réveil pour aller au collège, et de se sentir crevée le lendemain. J'ai appris qu'on dort mal avec le nez bouché... non je le savais déjà. Je sais que si je pleure avant de dormir, j'ai le nez bouché et ça m'empêche de m'endormir une fois les pleurs taris, et c'est embêtant, du coup j'ai tendance à essayer de m'abstenir le soir, mais je n'y arrive pas toujours. Pourquoi est-ce que je dis ça? J'en sais rien, c'est pas comme si je pleurais tous les soirs... Peut être que me focaliser sur des détails inutiles m'aide à reprendre mes esprits pour continuer ce post qui me serre de thérapie, parce que je doute que beaucoup le lisent jusqu'au bout, et si c'est le cas, comprennent dans quel état je suis. Moi même je n'y arrive pas. Je ne sais pas où j'en suis, je me sens perdue. Je ne sais pas si je peux faire confiance à ma famille, si c'est juste moi qui me monte la tête comme cherche à me le faire croire mon père lorsque j'aborde les problèmes familiaux et les miens, ou si réellement, on n'est pas juste tous complètement cinglés dans cette famille.
D'ailleurs pour en revenir à mon rêve de foyer stable, je me demande sérieusement si c'est possible: je suis folle, et tôt ou tard ça finit par ressortir, alors qu'est ce que je vais faire à mes enfants si jamais j'en ai un jour? Je ne voudrais pas reproduire le schéma familial. Et puis est-ce qu'il y a seulement une personne "normale" sur terre? Est-ce que tout ça n'est pas qu'un gigantesque asile de fous, parce que dans le fond, étant humain, on est forcément fou? Dès le moment où l'on est capable de penser, on est fou, car on est capable et donc coupable de produire des pensées irrationnelles.
Moi, quand je regarde cet écran d'ordinateur, avec ma lampe allumée devant moi, j'ai l'impression qu'un monstre va surgir à côté ou derrière moi, ou peut être même devant.
J'ai faim.
Bizarrement ça ne m'a pas coupé l'appétit comme hier en parlant avec ma mère de tout ça.
Le pire dans l'histoire c'est que je ne sache pas quoi penser de ma famille? Est-ce que je peux les aimer encore? Ou est ce que c'est me vouer à la douleur que de persister à vouloir les aimer, parce que l'amour ne va pas sans la confiance et que leur accorder ma confiance revient, de ce que mon expérience et celle des autres membres de cette famille m'a appris, à tendre la corde pour se faire pendre, haut et court?
Je ne sais pas...
Ce que je sais c'est que je n'aspire qu'à une chose: partir d'ici, et, pouvoir, à mon tour, mettre la tête sous le sable, et peut être m'y étouffer, parce que le seul moyen d'enterrer ma douleur et mes disfonctionnement, c'est à dire de les oublier, c'est d'enterrer mes souvenirs, et que je ne peux pas m'en défaire, alors autant m'enterrer la tête sous la terre directement, et donc autant m'oublier toute entière et faire comme si de rien... Peut être viens-je de percer les mystère des autruches?
Mais je doute que cela fonctionne.
J'en doute fortement.
Un jour peut être, j'aurais le courage de réunir ma mère et ma soeur dans une pièce pour parler de tout ça, de mon enfance, de celle de ma soeur, et non pas de l'enfance de ma mère mais de sa vie de mère, pour une fois. Parce que si elle a été une excellente maman, elle a été une piètre mère.
J'aimerais tirer tout au clair, et quitte à me brouiller avec ma famille, le faire sans douter de mes raisons. j'aimerais briser les non-dits, les faux semblants, les préjugés, les idées fausses qu'on a les uns des autres. J'aimerais connaître ma soeur, ce qu'elle ne m'a jamais laissé faire, et faire regarder la vérité en face à ma mère qui désire tant "avancer" mais ne se rend pas compte qu'avancer en laissant des doutes et des ombres, c'est comme de vouloir bâtir une maison sur une nappe phréatique, la rendant instable avant même qu'elle existe.
Je veux ouvrir cet abcès purulant pour le désinfecter et qu'il puisse laisser place à une cicatrice saine, ce que j'ai cru réussir à faire plusieurs fois mais commence à comprendre que c'est impossible si je ne regarde pas moi même la vérité en face... Parce que pour construire ensemble quelque chose de solide, il faut que les bases soient solides.
Pour que ma famille soit solide, il faut que nos relations soient solides.
Pour que ma future famille soit solide, il faut que je soit solide.
Et pour que je soit solide, il faut que ma confiance en moi soit solide.
Et pour que ma confiance en moi soit solide, il faut que ma connaissance de ma propre histoire soit entière, sans zone d'ombre ou de flou.
Et cette histoire qui est la mienne, est liée à celle de ma famille.
Même si elle est laide, monstrueuse, elle est elle, elle est notre histoire, et on ne doit pas, ne peut pas la rejeter parce qu'elle fait parti de nous, elle nous a façonné et a fait ce que nous sommes. Nous ne sommes pas si laids que ça, alors il doit y avoir quelque chose dans le fond de beau. Et je pense, j'espère en tout cas, que cette chose, c'est notre amour les uns pour les autres, malgré nos rancoeurs.
Mais j'avoue, j'ai si peur de me tromper...
Est-ce que je grossis toute cette histoire?
Est-ce que c'est normal de voir des films pornographiques à cinq ans? Puis de se sentir coupable toute son enfance durant parce qu'on se masturbe alors que les autres enfants ne savent même pas ce que c'est que le sexe (ou en tout cas, pas de cette manière), et plus coupable encore lorsqu'on apprend qu'à l'âge où on se masturbe, sa propre mère se faisait violer par son père à elle?
Je me pose ces questions depuis longtemps mais elles ressurgissent en ce moment, alors même que je suis devenue majeure et que ma sexualité a été acceptée par mes parents qui la refusaient pendant si longtemps, non pas violemment comme pour ma soeur mais par le dénis, en m'interdisant même d'être moi même, ce qui n'est peut être pas pire que de se faire traiter de pute par sa mère, mais pas mieux non plus dans la mesure où c'est vivre dans un mensonge consenti tous les jours et savoir qu'on n'est pas acceptée telle qu'on est mais que l'on nous demande de jouer un rôle pour être aimée.
Puis-je en vouloir à ma soeur? Puis-je croire ma soeur lorsqu'elle m'assure qu'elle ne savait pas plus que moi, lorsqu'elle me les a fait visionner à plusieurs reprises? A onze ans, n'est-on pas capable de comprendre ça? Ou peut être est-ce juste que moi, à onze ans, je pouvais le comprendre parce que je connaissais déjà ça depuis au moins six ans? Elle dit que ça n'a pas eut d'impact sur moi... Elle n'en sait rien, elle dit que je parle sans savoir mais elle n'est pas mieux. Elle ne sait pas quel sentiment de honte j'avais à chaque fois que je me masturbais, à certaines périodes, tous les jours. Elle ne sait pas comme je me sentais mal quand en suite elle même entrait dans ma chambre pour me dire que c'était mal, parce qu'elle savait ce que je faisais (demandant parfois à sentir mes mains pour vérifier). Mais est-ce qu'elle disait que c'était mal par sadisme, ou bien juste parce que par la suite elle savait que c'était mal, et peut être même savait qu'elle y avait contribué?
Je me souviens de la première fois où je me suis masturbée... Devant un de ces films. La première fois que j'ai vu un de ces films même. Assise sur un coussin par terre, à l'étage, là où il y a maintenant l'ancienne télé du bas, il y avait un autre téléviseur, plus petit. Les parents étaient bien sûr absents. Je me souviens que c'était en italien. Je me souviens d'une femme qui ouvrait la porte à des hommes, qui rentraient dans son appartement... Sans me douter à l'époque bien sûr que tout ça n'avait aucun rapport avec la réalité. Les femmes n'étaient pas vraiment malmenées, c'était plutôt les hommes, l'un d'eux attaché à une table se faisait uriner dessus. Ca on ne peut pas dire que c'était un film d'une violence inouie envers les femmes à mon souvenir, même si elles faisaient preuve d'un enthousiaste sans commune mesure avec le réel. Je me souviens que je me suis servie du bord du coussin. Je me souviens que j'étais de dos à ma soeur, assise sur le canapé ou le fauteuil, à l'époque des fauteuils marrons, sans doute ceux de la maison de Longvic... elle était derrière moi en tout cas, assez loin pour que je ne la vois pas mais assez proche pour voir ce que je faisais. Est-ce que je peux la croire quand elle dit qu'elle est autant victime que moi dans l'histoire?
Cest ce qui me rend le plus malade dans l'histoire, ne pas savoir si je peux la croire ou non. En fait je ne connais pas ma soeur. Bien sûr qu'elle est victime, il n'est pas normal qu'à six ou sept ans une petite fille entende sa mère lui dire ce qu'elle a vécu enfant à cause de son père, et découvre le sexe sous cet angle malsain. Ma mère est folle, était pire alors et mon père était absent parce que c'est une autruche incapable de faire face aux problèmes (et je tiens de lui...). Mais ça n'excuse pas tout. Ca n'est pas parce qu'on souffre qu'on doit faire souffrir les autres. Et contrairement à elle peut être, le fait qu'on ne doive pas le dire aux parents ne m'a pas juste paru comme une vase cassé mais comme un secret obscène sur ma propre perversité. Il fallait cacher le fait que j'étais au courant parce que ce serait montrer aux parents que je suis un monstre, en fin de compte. Et c'est pour ça que pour en reparler à ma mère, il m'a fallu tant de temps. Et je me suis rappelé mon premier petit ami, à treize ans, quand ma mère craignait que je couche à cet âge et me disais qu'elle se méfiait non pas de lui mais de moi, parce qu'elle me sentait "coquine" et qu'elle me disait qu'elle pensait que les films pornographiques avaient exacerbé cet aspect de moi. Ca m'était sorti de l'esprit mais ça m'est revenu alors que je lui en reparlait, parce que c'était survenu durant une conversation... Conversation à lutter contre les larmes puis à les laisser couler parce que je sais que plus je me retiens et plus ça coule. Conversation à détourner la tête parce que j'étais incapable de parler de ça en regardant ma mère, parce que je me sentait monstrueuse, parce que j'avais honte de n'avoir été qu'une petite pute.
Bien sûr que ça a eut des répercussions sur moi, et bien sûr que ça a modifié ma vie! Qu'est ce qu'elle croit? A onze ans on entre dans l'adolescence, on découvre tout ça, même si c'était un peu trop tôt pour elle, ça l'était de deux, trois ans. Pour moi ça l'était de huit, neuf ans. Cinq ans est selon ma mère l'âge auquel on découvre sa sexualité, d'accord. Mais sur soit, en cherchant soit même à se découvrir. Pas en voyant des gens faire ce qu'on en fera soit même sûrement jamais, puis en y repensant en se masturbant. Ce que Charlotte ne peut pas comprendre c'est que oui, en un sens, elle m'a violée. Elle m'a imposé des choses qu'une enfant de cinq ans ne doit pas soupçonner, une telle violence, un tel immondice. Même si elle même ne savait pas ce qu'elle faisait, elle est mon agresseur, et même si je sais qu'elle n'est pas entièrement responsable et qu'on ne peut pas rendre une gamine de onze ans responsable de ses actes, il n'en reste pas moins que les faits sont là et que, allié à cette fâcheuse tendance qu'elle avait à me taper dessus quand elle se faisait disputer par papa et maman, et à m'effrayer avant de dormir le soir, elle est responsable d'une partie de la folle que je suis devenue: le peur du noir et des monstres sous le lit ne vient pas de nulle part, et avec eux, les tocs tous les soirs, qui me donnent honte lorsque mes amies ou celui que j'aime sont là parce que je ne peux pas dormir dans ma chambre sans au moins regarder sous le lit, sans ajuster mes rideaux. Parce qu'il y avait un petit monstre qui montait dans mon lit mais pas dans le sien, qui était trop en hauteur, et des tas d'autres horreurs qui rodaient. Bien sûr elle même a été déformée par mon frère et ma mère, est mon frère a été déformé par ma mère, et ma mère déforme par mon grand-père... Qui est encore en vie. Je devrais peut-être aller lui parler? Ou juste le tuer? Est-ce que ça me soulagerait de le voir gire avec une flèche dans le crâne, ou mieux, de l'émasculer vif avant de les lui faire manger pour qu'il s'étouffe avec puis de l'égorger lentement en le regardant droit dans les yeux? Non... S'il avait été encore jeune et capable de recommencer je n'aurais pas hésité, mais maintenant qu'il est vieux et sans défense, on peut se dire qu'il regrette peut-être ses actes, qu'il ne peut plus changer le passé... Pourtant, je me sens tellement mal de ne rien pouvoir faire! J'aimerais régler le problème facilement, en éliminant le fautif, mais la vérité c'est qu'il n'y en a pas, plus. C'est une responsabilité collective et comme je suis la dernière, j'ai le beau rôle parce que je n'ai pu nuire à personne, mais du coup je me sens aussi victime parce que moi, je n'ai rien fait, vraiment rien fait, et je m'en suis prise plein la gueule. D'un autre côté je sais que je ne peux en vouloir ni à ma soeur, ni à mon frère, ni à ma mère. Mais je me dis aussi que ce n'est pas parce qu'on a souffert qu'on doit faire souffrir les autres... Si ma mère c'était comportée en mère elle n'aurait jamais fait comme el l'a fait, elle a fait preuve d'une grande dose d'égoïsme en nous élevant et en nous soumettant à son passé, en faisant de nous des victimes de son passé comme si on lui devait quelque chose, en se plaçant en victime entre nos mains d'enfants pour être consolée et inversant ainsi les rôles pour ma soeur puis pour moi. Et en faisant de mon frère son bourreau alors qu'il était le fils de son maris et non de son père, le maltraitant.
J'en veux aussi à mon père parce qu'il n'a rien fait. Il aurait pu divorcer, mettre à l'abris mon frère puis ma soeur (même si je ne serais jamais née, ce qui je l'avoue m'ennuie un peu). Il aurait pu épauler ma mère au lieu de l'enfoncer en lui disant qu'elle devait tout oublier ou prendre des cachets. Il aurait pu l'accepter telle qu'elle est, la voir dans son entier pour voir ce qu'elle faisait à ses enfants, et ainsi nous protéger et la protéger d'elle même - puisque se faisant elle s'est fait du mal, car elle aime ses enfants et souffre de nous voir souffrir et de s'en savoir responsable, raison pour laquelle elle cherche toujours à minimiser notre douleur en la comparant à la sienne propre, parce qu'elle sait qu'elle est responsable et qu'en se plaçant en victime elle se dispense de tout remord.
Oui, je veux voir un psy, non, je ne me sens pas "normale, épanouie". Je lutte pour garder mon équilibre tous les jours, tant dans ma nourriture que dans mon comportement, et j'échoue tous les jours, surtout au moment de dormir quand les monstres me rattrapent, me forcent à rallumer la lumière, à vérifier sous mon lit, à répéter ces incesssantes prières dans ma tête, pour moi, pour ma famille, pour mes amis et pour celui que j'aime, pour que la Déesse nous protège, des aléas de la vie, des autres et de nous mêmes, pour qu'elle me donne la force et le courage d'encaisser, parce que je me sens à bout, et je me sens fragile, et je voudrais être forte, mais je n'y arrive pas.
Des fois je me dis que je ferais mieux de tout cesser et de m'isoler, parce que je ne comprends rien aux autres, parce que je ne sais pas si je peux leur faire confiance, et que ceux en qui j'ai confiance, j'ai peur de leur faire mal. Des fois je me dis que je devrais rompre avec Cédric parce que j'ai peur de le rendre malheureux parce que je suis complètement tarée. Mais je m'en veux parce que je n'en suis pas capable, parce que j'ai besoin de lui, parce qu'il est dans le fond la seule chose qui me donne envie d'avancer, parce que mon moteur dans mes études, dans ma vie, ça n'est pas de me dire qu'un jour je serais médecin et je gagnerais bien ma vie ou que je sauverais des vies... Je m'en tape totalement!
Ce qui me pousse à avancer, c'est l'espoir d'un jour vivre avec lui, quitter cette maison de fous, le plus vite possible, voler de mes propres ailes sans avoir de compte à rendre à ces gens à qui j'en veux toujours mais que je ne peux pas m'empêcher d'aimer en même temps, puis fonder un foyer stable et rassurant où je pourrais donner à mes propres enfants toute la "normalité" dans les rapports familiaux dont mon frère, ma soeur et moi mêmes n'avons pas bénéficié, y compris entre nous.
Je me souviendrais toujours de la fois où maman me tapant dessus, Charlotte n'a pas levé le petit doigt pour me protéger, mais a juste conclu, presque calmement à la fin, par "je voulais juste que tu lui mettes une claque" à ma mère lui demandant si c'était bien ce qu'elle voulait parce qu'elle hurlait que je devais être punie par mes parents pour avoir par accident casser son mp3 qu'elle m'avait prêté. Mais punie de quoi? Je ne l'avais pas intentionnellement cassé, je ne savais même pas comment il s'était cassé puisque je ne l'avais pas fait tomber durant le voyage. Punie de quoi? La punition n'est-elle pas une manière d'enseigner aux enfants à ne pas recommencer? Ce n'est pas un moyen de se défouler ni de "faire justice", c'est un apprentissage et je en vois pas ce que ça m'a enseigné, sinon que ma mère était définitivement folle, que ma soeur se contrefoutait de ce qu'il m'arrivait et désirait que je m'en prenne plein la gueule, et que comme d'habitude, mon père n'était pas là. J'ai aussi appris que chialer toute la nuit n'apporte rien que les yeux rougis et gonflés au réveil pour aller au collège, et de se sentir crevée le lendemain. J'ai appris qu'on dort mal avec le nez bouché... non je le savais déjà. Je sais que si je pleure avant de dormir, j'ai le nez bouché et ça m'empêche de m'endormir une fois les pleurs taris, et c'est embêtant, du coup j'ai tendance à essayer de m'abstenir le soir, mais je n'y arrive pas toujours. Pourquoi est-ce que je dis ça? J'en sais rien, c'est pas comme si je pleurais tous les soirs... Peut être que me focaliser sur des détails inutiles m'aide à reprendre mes esprits pour continuer ce post qui me serre de thérapie, parce que je doute que beaucoup le lisent jusqu'au bout, et si c'est le cas, comprennent dans quel état je suis. Moi même je n'y arrive pas. Je ne sais pas où j'en suis, je me sens perdue. Je ne sais pas si je peux faire confiance à ma famille, si c'est juste moi qui me monte la tête comme cherche à me le faire croire mon père lorsque j'aborde les problèmes familiaux et les miens, ou si réellement, on n'est pas juste tous complètement cinglés dans cette famille.
D'ailleurs pour en revenir à mon rêve de foyer stable, je me demande sérieusement si c'est possible: je suis folle, et tôt ou tard ça finit par ressortir, alors qu'est ce que je vais faire à mes enfants si jamais j'en ai un jour? Je ne voudrais pas reproduire le schéma familial. Et puis est-ce qu'il y a seulement une personne "normale" sur terre? Est-ce que tout ça n'est pas qu'un gigantesque asile de fous, parce que dans le fond, étant humain, on est forcément fou? Dès le moment où l'on est capable de penser, on est fou, car on est capable et donc coupable de produire des pensées irrationnelles.
Moi, quand je regarde cet écran d'ordinateur, avec ma lampe allumée devant moi, j'ai l'impression qu'un monstre va surgir à côté ou derrière moi, ou peut être même devant.
J'ai faim.
Bizarrement ça ne m'a pas coupé l'appétit comme hier en parlant avec ma mère de tout ça.
Le pire dans l'histoire c'est que je ne sache pas quoi penser de ma famille? Est-ce que je peux les aimer encore? Ou est ce que c'est me vouer à la douleur que de persister à vouloir les aimer, parce que l'amour ne va pas sans la confiance et que leur accorder ma confiance revient, de ce que mon expérience et celle des autres membres de cette famille m'a appris, à tendre la corde pour se faire pendre, haut et court?
Je ne sais pas...
Ce que je sais c'est que je n'aspire qu'à une chose: partir d'ici, et, pouvoir, à mon tour, mettre la tête sous le sable, et peut être m'y étouffer, parce que le seul moyen d'enterrer ma douleur et mes disfonctionnement, c'est à dire de les oublier, c'est d'enterrer mes souvenirs, et que je ne peux pas m'en défaire, alors autant m'enterrer la tête sous la terre directement, et donc autant m'oublier toute entière et faire comme si de rien... Peut être viens-je de percer les mystère des autruches?
Mais je doute que cela fonctionne.
J'en doute fortement.
Un jour peut être, j'aurais le courage de réunir ma mère et ma soeur dans une pièce pour parler de tout ça, de mon enfance, de celle de ma soeur, et non pas de l'enfance de ma mère mais de sa vie de mère, pour une fois. Parce que si elle a été une excellente maman, elle a été une piètre mère.
J'aimerais tirer tout au clair, et quitte à me brouiller avec ma famille, le faire sans douter de mes raisons. j'aimerais briser les non-dits, les faux semblants, les préjugés, les idées fausses qu'on a les uns des autres. J'aimerais connaître ma soeur, ce qu'elle ne m'a jamais laissé faire, et faire regarder la vérité en face à ma mère qui désire tant "avancer" mais ne se rend pas compte qu'avancer en laissant des doutes et des ombres, c'est comme de vouloir bâtir une maison sur une nappe phréatique, la rendant instable avant même qu'elle existe.
Je veux ouvrir cet abcès purulant pour le désinfecter et qu'il puisse laisser place à une cicatrice saine, ce que j'ai cru réussir à faire plusieurs fois mais commence à comprendre que c'est impossible si je ne regarde pas moi même la vérité en face... Parce que pour construire ensemble quelque chose de solide, il faut que les bases soient solides.
Pour que ma famille soit solide, il faut que nos relations soient solides.
Pour que ma future famille soit solide, il faut que je soit solide.
Et pour que je soit solide, il faut que ma confiance en moi soit solide.
Et pour que ma confiance en moi soit solide, il faut que ma connaissance de ma propre histoire soit entière, sans zone d'ombre ou de flou.
Et cette histoire qui est la mienne, est liée à celle de ma famille.
Même si elle est laide, monstrueuse, elle est elle, elle est notre histoire, et on ne doit pas, ne peut pas la rejeter parce qu'elle fait parti de nous, elle nous a façonné et a fait ce que nous sommes. Nous ne sommes pas si laids que ça, alors il doit y avoir quelque chose dans le fond de beau. Et je pense, j'espère en tout cas, que cette chose, c'est notre amour les uns pour les autres, malgré nos rancoeurs.
Mais j'avoue, j'ai si peur de me tromper...